Ce mercredi 15 novembre sort le film belgo-kurde Zagros, premier long métrage de Sahim Omar Kalifa qui a remporté le Grand Prix du Meilleur Film au 44e Festival de Gand, en octobre dernier, et les prix de la mise en scène et du public au Festival du Film d’Arras, il y a quelques jours.
Zagros est berger dans les montagnes kurdes. Sa femme, Havin, accusée d’adultère, décide de quitter le village avec leur fille Rayhan pour commencer une nouvelle vie en Belgique. Croyant en son innocence, Zagros ne traîne pas à les rejoindre. Une fois arrivé à Bruxelles, il réalise que la situation s’avère plus complexe qu’il ne le pensait. Havin ne lui ayant pas tout dit, Zagros commence à douter de sa non-culpabilité.
Le sujet est très délicat et semble dater d’une autre époque, mais il n’en est rien. Le film se déroule de nos jours et montre à quel point l’autorité des hommes sur les femmes est encore très présente dans certaines régions du monde. Zagros est tiraillé entre la modernité de sa nouvelle vie et le poids des traditions que son père n’a de cesse de lui rappeler.
Le doute se propage comme un poison tout le long du film, allant même jusqu’à atteindre le spectateur : malgré l’envie de croire en l’innocence d’Havin, on en arrive souvent à douter de sa bonne foi. Cette hésitation constante et le climat de tension instauré par le réalisateur, nous plongent littéralement dans la peau du personnage de Zagros.
Un film émouvant et actuel qui nous rappelle à quel point la tolérance et l’esprit critique sont nécessaires pour que chacun ait l’opportunité d’évoluer de manière sereine et libre dans la vie de tous les jours. Cette histoire est une belle leçon pour comprendre comment certaines traditions ancestrales peuvent parfois avoir une influence dévastatrice sur des personnes influençables qui ont souvent pris l’habitude de respecter ce qu’on leur a transmis au détriment d’une remise en question approfondie.
Sophie de Crayencour
À lire : Rencontre avec Sahim Omar Kalifa