Ces dernières semaines, l’automne s’est installé pour de bon, traînant dans son sillage le froid et une multitude de concerts. De quoi rendre nos choix de sortie difficiles ! Ce vendredi 7 octobre était chargé en décibels avec Charnier et Ascetic au Backpackers Bar, The Black Heart Rebellion et Echo Beatty au Beursschouwburg, et Emma Ruth Rundle et Wovenhand au Handelsbeurs de Gand. Après moult réflexions, nous avons finalement opté pour une petite escapade gantoise très tentante.
Retardés par des problèmes sur la voie ferrée et une grève partielle des trams De Lijn, on arrive juste à temps au Handelsbeurs pour savourer les quatre derniers morceaux de la première partie : Emma Ruth Rundle. Avec des paroles douces-amères, des intonations de voix entre rossignol et grive musicienne et des accords tout en finesse, la jeune chanteuse-compositrice emmène ses auditeurs dans un voyage aérien, leurs orteils effleurant la rosée musicale offerte par leur hôte. Une jolie découverte en attendant le combo de David Eugene Edwards.
David Eugene Edwards, « l’homme-chaman » de la folk-country du mouvement Denver Sound, connu pour ses albums en tant que 16 Horsepower ou Wovenhand, arrive d’un pas décidé sur scène. Les musiciens ont tous un couvre-chef, que ce soit le Stetson du leader ou le bandeau de samouraï du second guitariste, le chapeau semble être l’accessoire indispensable… Edwards est un véritable raconteur, comme dirait Jack White. Au fur et à mesure des morceaux, entre deux accords de guitares, il esquisse des grands gestes illustrant ses paroles, les émotions de chaque titre. Les trois premières ballades (The Hired Hand, Hiss et Maize) montent crescendo en puissance, clouant le public au sol. Edwards jongle entre la guitare et le banjo, sans que le groupe ne perde en intensité. Une intensité qui, à la longue, sonne très monocorde, malheureusement. D’autant plus que la salle du Handelsbeurs ne se prête pas bien aux échos utilisés dans les voix ou les guitares. Au bout de presque deux heures de concert, on a un peu mal aux oreilles. On se demande aussi ce qu’il est advenu des morceaux un peu plus doux de l’album tant adulé : Blush Music. Disque qui a servi de bande originale à un ballet de danse contemporaine, créé en 2002 par le chorégraphe belge Wim Vandekeybus. Ballet dont est tiré un film, sorti en 2005, et qui constitue un must-see absolu en la matière.
Malgré un concert sans faute, on regrettera l’aspect super huilé du groupe, qui enchaînera morceau sur morceau, sans vraiment remercier son public, tel un prédateur sonore. On aurait vraiment apprécié un peu de chaleur en cette première soirée froide d’automne. Même si la musique de Wovenhand est obscure, cela ne devrait pas les empêcher de sourire, parfois. Allez, au moins une fois…
Nancy Junion