Mardi 3 octobre dernier, le public de BOZAR était invité à participer à une expérience audio-visuelle unique et envoûtante : le ciné-concert de We Stood Like Kings. Retour sur une performance sans faille et riche en émotions.
C’est dans une salle de musique de chambre quasi comble que le quatuor post-rock bruxellois We Stood Like Kings, manifestement ému de son passage à domicile, était venu présenter sa dernière création, USA 1982, ultime rencontre entre le 7e art et la musique live, après USSR 1926 et BERLIN 1927.
À l’écran KOYAANISQATSI, réalisé en 1982 par Godfrey Reggio et produit par Francis Ford Coppola, film troublant, sans histoire, mais incitant à la réflexion. Devant l’écran, We Stood Like Kings, ensemble musical rassemblant dans la plus grande harmonie le classique (Judith Hoorens au piano) et le moderne (Philip Bolten à la guitare, Collin Delloye à la basse et Mathieu Waterkeyn aux percussions).
Le film commence par des images de nature pure : des dunes, des cascades, des forêts, le tout bercé par le seul son du piano. C’est calme, c’est doux. Rapidement, cette pureté est troublée par la caméra qui se focalise maintenant sur des usines construites au bord de plages où barbotent des enfants, sur des milliers d’installations électriques érigées en plein désert ou encore sur des chaînes de montage de véhicules, décrivant ainsi l’industrialisation sauvage de notre planète.
La musique n’est pas en reste, dès le basculement, Judith Hoorens est rapidement rejointe par ses trois acolytes qui vont insuffler une énergie en adéquation totale avec le tournant pris par le film, adéquation parfaite qui perdurera tout au long de celui-ci. Le spectateur est happé par ces images de plus en plus rapides de voitures roulant sur le périphérique de New-York, de femmes et d’hommes marchant dans la rue tel un troupeau, entrant puis sortant d’une gare, faisant la file… Images répétitives donnant le sentiment (ou apportant la confirmation) que l’homme n’est qu’un infime rouage, une fourmi dans le processus d’industrialisation. La fin est inéluctable : l’obsolescence programmée de la machine entraînera inévitablement sa fin et un retour (provisoire) au calme et à la douceur.
Une heure trente d’émerveillement offerte par des musiciens qui ont joué sans discontinuer avec une concentration sans faille et dont on ne peut que saluer la performance. Après ce passage par Bruxelles, les membres de We Stood Like Kings assureront plusieurs dates en Allemagne, en Autriche et dans divers pays de l’Est mais ils seront de retour en Belgique le 13 décembre à Liège (Les Chiroux) et le 14 au Foyer d’Habay-La-Vieille. Alors un conseil si vous êtes dans le coin, précipitez vous, vous ne regretterez pas le voyage !