Vous aussi vous l’avez senti ce froid qui commence à percer nos vêtements ? Qu’à cela ne tienne, on a enfilé notre doudoune pour se rendre à l’Ancienne Belgique, prise d’assaut par une marée de vestes en cuir en ce jeudi 15 novembre 2018. Ce soir, Uncle Acid and the Deadbeats nous présente, entre autres, le petit dernier : Wasteland. Digne successeur de The Night Creeper, il se compose de huit morceaux distribués par le label londonien Rise Above Records.
God save the 60’s
Fermez les yeux et imaginez-vous quelques décennies plus tôt, dans les rues de San Franscisco. Après avoir traversé le ‘fog’ ambiant, vous apercevez la devanture du disquaire aujourd’hui culte Amoeba Music. Dans ce magasin, vous parcourez patiemment les rayons. Rock, psyché… et quelques recoins sombres plus loin, vous êtes interpellés par un vinyle, celui d’Uncle Acid and the Deadbeats.
Le show commence pile à l’heure face au public de l’AB Ballroom. Comme toujours avec BeCult, on est partis pour vivre une heure et demie d’aventure musicale. Les premiers visuels qui ornent l’arrière de la scène nous rappellent des affiches de nanars (si vous jetez un oeil à leur site internet, vous verrez qu’ils aiment ça) : du sang qui gicle et dégouline pour former un texte, des méchants qui apparaissent à l’écran. C’est un paradoxe surprenant qui se marie finalement très bien avec la douce voix de Kevin R.Starrs (aka Uncle Acid) et les sons post flower power du groupe. Son voisin de gauche, le guitariste Vaughn Stokes, suit les mouvements lancinants du leader dans un mimétisme presque parfait. Le groupe, toujours dans la pénombre, envoie la sauce de manière crescendo et projette de plus en plus d’acide en trame de fond.
Road movie acidulé
Parfait pour les amateurs de Black Sabbath ou d’Alice Cooper, des morceaux tels que No Return font osciller toutes les têtes. L’ambiance monte petit à petit dans la salle visiblement conquise. Le groupe transporte son public dans un road movie parcourant des plaines arides aux couleurs acidulées. Les films d’horreur de l’époque ont fait place à des kaléidoscopes. Constamment caché dans l’obscurité, le groupe interagit de manière minimaliste avec son public… qui s’en contente. Shockwave City estampille le style résolument rétro de la formation.
Un bon concert dans l’ensemble mais qui apporte peu de surprises. Le live ne diffère en effet pas beaucoup de l’écoute sur CD. On attendra en vain le ‘wow effect’, celui censé faire la différence. Heureusement, le show décollera après un « Belgium, I wanna see you go fucking wild for this song ! », lancé par Uncle Acid avant d’entamer les premiers accords de Blood Runner. Les initiés, eux, sont ravis. C’est avec un grand respect pour ce groupe qui fait faire un bond dans le temps à son public, le ramenant à une époque qui reste gravée dans l’imaginaire collectif comme celle de tous les possibles, des sonorités nouvelles, que l’on quitte lentement la salle. Une marche s’est mise en route. De loin, on l’entend s’intensifier.