Jeudi 1er février, 10h. Le Reflektor annonce enfin sur la page Facebook de l’événement le nom du groupe qui assurera la première partie de Triggerfinger et l’horaire de la soirée. Flashforward, 20h05. Bien installés à proximité de la scène, on observe le public éclectique qui entre au compte-gouttes, fuyant le froid polaire qui tombe sur le centre-ville liégeois. Sur scène, tout est prêt pour accueillir les groupes. Submergée par la quantité impressionnante de matériel, la scène de Reflektor semble minuscule. Y a plus qu’à, comme dirait l’autre.
Et voilà qu’entre en scène le trio Hong Kong Dong, emmené depuis 2007 par Boris et Sarah Yu Zeebroek et rejoint en 2008 par un certain Geoffrey Burton (merci le Wifi du Reflektor). Même si le groupe ne compte que trois membres, les déplacements s’avèrent très vite délicats et peu naturels dans cet enchevêtrement de câbles et de synthétiseurs. Derrière nous, une voix : « Oh non, pas de l’électro ! ». Il est vrai que le son d’Hong Kong Dong a de quoi surprendre en première partie de Triggerfinger. Ce n’est a priori pas le genre musical le plus apprécié par l’assistance ce soir.
Pourtant, après deux-trois titres et si l’on accepte de se laisser entraîner dans l’univers complètement absurde du groupe, on finit par passer un bon moment au son de son électro-pop noisy expérimentale. On sourit lorsque la chanteuse se met une demi boule disco sur la tête, le temps d’une chanson, et on reste étonné face aux sons que le guitariste parvient à tirer de son instrument à grands renforts de pédales et autres artifices. Ils sortiront finalement de scène chaleureusement applaudis par une salle maintenant comble.
Mais ce que tout le monde attend pour cette soirée sold out, c’est une bonne dose de rock à la belge avec les vétérans de Triggerfinger. À la fin du ballet hypnotisant des roadies, le matériel sur scène annonce la couleur : un impressionnant set de batterie sur sa plateforme surélevée, des amplis qui atteignent facilement le mètre quatre-vingt de haut et des guitares à la pelle sagement rangées sur leur rack.
21h30. Les Anversois entrent en scène, tirés à quatre épingles comme à l’accoutumée. Ruben, le chanteur, arbore un élégant costume bleu électrique et peaufine son look de dandy avec une sangle de guitare à paillettes et des boots à talon assorties. La classe, quoi. Puis, on remarque qu’ils sont quatre ce soir, et que le quatrième larron n’est autre que le guitariste d’Hong Kong Dong. Un petit tour sur Internet (re-merci le Wifi du Reflektor) nous apprend que Geoffrey Burton n’est pas n’importe qui : il a déjà prêté ses talents à, entre autres, Arno et Iggy Pop. Oui, rien que ça !
Mais on range vite notre smartphone, pas question de louper une miette du concert qui n’a pas attendu que notre curiosité soit satisfaite pour démarrer sur les chapeaux de roue. Le groupe ouvre sur le rythmé Upstairs Box, tiré du dernier album en date Colossus, enchaîne avec And There She Was, Lying in Wait puis First Taste, avant d’offrir enfin au public impatient qui tarde à se mettre dans l’ambiance l’excellent By Absence of the Sun. Du Triggerfinger comme on l’aime. Et force est de reconnaitre que le nouveau guitariste, avec son style très personnel, apporte une vraie plus-value au son du groupe qui s’agrémente ainsi d’une couche électronique aussi discrète qu’efficace.
La température monte encore d’un cran avec le très à propos Flesh Tight, et continuera de grimper, ponctuée par les solos d’un batteur increvable (on finit par se poser la question de savoir qui des fumigènes ou du batteur fait le plus de fumée), jusqu’à All This Dancin’ Around et Colossus, repris en choeur par le public.
La setlist fait évidemment la part belle aux titres du nouvel album, mais le groupe prend aussi un plaisir communicatif à jouer ses tubes, pour le plus grand plaisir des fans. Et, pour conclure cette heure et demie de pur rock’n’roll, Triggerfinger nous offre un rappel de trois morceaux dont une reprise de Funtime d’Iggy Pop qui résume parfaitement l’état d’esprit de la soirée. 23h. Après un dernier salut sous les applaudissements de la foule, le désormais quatuor quitte la scène. C’était rock, c’était intense, c’était Triggerfinger !
Vassili Koumparoulis