C’est dans un état proche de celui d’un ado avant son premier rendez-vous amoureux que l’on s’est rendu ce 15 novembre aux Ateliers Claus où se produisait pour deux soirées Thurston Moore, charismatique leader du regretté Sonic Youth, groupe indissociablement lié à une partie de notre vie. Et cinq jours plus tard, on est toujours sur notre petit nuage, tant le moment était magique !
En premier lieu, il y a la philosophie de Thurston Moore qui pourrait, au vu de sa notoriété, remplir des salles plus grandes et plus impersonnelles, mais au contraire favorise les petites structures permettant à son public une proximité inespérée, demeurant ainsi totalement fidèle à un idéal rock alternatif. Thurston Moore prend manifestement plaisir à jouer avec des gens qu’il aime (on notera au passage les petites boutades tout à fait sympathiques à l’égard son acolyte sonic youthien, Steve Shelley), pour des gens qu’il aime et dans des lieux qu’il aime.
En second lieu, il y a bien évidemment la musique et un seul constat : l’immense talent de Thurston Moore comme auteur-compositeur et comme guitariste/chanteur est toujours intacte. Il est manifeste que ceux qui ont connu et apprécié Sonic Youth retrouvent des sonorités familières, mais le résultat est cependant différent, plus intériorisé, plus intimiste et semble être le fruit d’une plus grande maturation, le tout sans une once de nostalgie. Thurston Moore aurait en effet pu tomber dans la facilité en jouant certains titres de Sonic Youth mais, là aussi, force notre admiration en se concentrant exclusivement sur sa production solo avec The Best Day et Speak to the Wild, tous deux issus de l’album The Best Day, sorti en 2014, et en donnant une grand place à son nouvel album Rock N Roll Consciousness avec Aphrodite, Turn On, Exalted, Cusp et surtout le magnifique Smoke of Dreams.
Portée par d’excellents musiciens (Steve Shelley toujours impérial à la batterie, James Sedwards à la guitare et, à la basse, Deb Googe qui n’est rien moins que l’ancienne bassiste de My Bloody Valentine), la musique nous a rapidement mis dans un état de transe nous emmenant pour un voyage qui, à son terme, nous a paru beaucoup trop court. Coup de chapeau aux Ateliers Claus, lieu tout à fait convivial pour l’organisation de ce concert, qui est personnellement aujourd’hui au sommet de nos préférences.
Et depuis ce mercredi 15 novembre, une seule envie nous taraude, rester dans l’état de lévitation provoqué par ce concert, à méditer les mots prononcés par Thurston Moore au terme de sa prestation : « Peace & Love ».