La programmation était belle et alléchante, au Primavera 2013. Le retour (tant attendu?) des Jesus and Mary Chain, la déferlante noise de My Bloody Valentine (MBV pour les intimes) et la brit pop sautillante de Blur faisaient en effet partie des têtes d’affiche du festival barcelonais. En live, ça a donné quoi?
Amis festivaliers, si vous ne connaissez pas encore cet événement, préparez-vous bien pour l’édition 2014! Munissez-vous de vos Wayfarer (quoique la nouvelle tendance se tourne vers les lunettes rondes à la Lennon), de votre skinny noir ou gris et de votre chapeau de Pete. En option pour les mecs, la barbe ou le bun (chignon ramassé sur le sommet de la tête) et, pour les filles, le lipstick rouge et les talons sont permis… car le festival se passe en bord de mer sur un parc-plateforme entièrement bétonné (métro El Maresme-Fòrum). Le Primavera, c’est l’eldorado des hipsters et autres fashionistas : notons la présence de photographes chasseurs de tendances des magazines Glamour et Vogue (parmi tant d’autres). Le ton est donné en matière de look, passons maintenant au plat de résistance : la programmation.
Le jeudi, les festivaliers ont pu apprécier les prestations de Tame Impala, The Postal Service, Phoenix, Dinosaur Jr., Animal Collective, Hot Snakes et Death Grips. Malheureusement, le pass permettant de participer à l’intégralité des festivités ayant été rapidement sold out, cette journée n’a pas pu être couverte par nos soins.
Le vendredi, on commence la journée en douceur par un set de Kurt Vile et ses Violators, assez déçu par le mollesse ambiante du public. On passe par la scène ATP pour découvrir le stoner expérimental bien en jambes de Om. Yep, du tout bon! Ensuite, choix difficile à opérer : le Last Splash des soeurs Deal (The Breeders) ou le rock déjanté de Shellac? Le tout restant très nineties, on opte pour la bande à ce sacro-saint Steve Albini. L’audience est tout aussi mollassonne et Steve nous gratifie du geste le plus injurieux selon lui : un fuck finger pré-léché. Que vont nous réserver les sbires enchaînés? The Jesus and Mary Chain ou la grosse déception du festival. Jim Reid a du mal à aiguiser sa voix (qu’il récupère le concert allant) pendant les trois premiers morceaux. C’est limite s’il ne se plante pas dans les refrains. Très réservé, il remercie à peine la foule présente en masse. Ils ont mal vieillis, il faut bien le dire. Petit moment croustillant bien typique du groupe sur le « Are you ready? » lancé par Jim Reid à ses coéquipiers et auquel les spectateurs répondirent avec enthousiasme, avant que Reid ne rétroque par un sublime « I wasn’t talking to you ». Magistral et bien rock’n’roll! Le bon moment du concert… sans compter sur la présence de Bilinda Butcher (MBV) pour le hit Just Like Honey. Après cette mauvaise blague, direction la scène ATP pour nos métalleux chéris, citons ici : Neurosis. Un set bien moins carré qu’à Dour en 2011, une basse à en briser les tympans, des longues périodes entre chaque morceau. Bref, pas le meilleur set du combo américain. Sur les autres scènes, on aura le plaisir de voir Glass Candy, How To Dress Well, Goat ou Blur. Le cœur balance et on choisit quand même d’aller voir si Damon Albarn a toujours autant la pêche. Bonne nouvelle : nos anglais favoris sont en top forme et livrent un superbe set « best of » aux festivaliers qui sont maintenant d’humeur festive. Après cette bonne raclée, direction la casa pour une bonne nuit de sommeil (même si les oreilles buzzent).
Au menu de samedi : MBV, Adam Green, Nick Cave et ses mauvaises graines, le Wu-Tang Clan (la quote-part hip-hop est remplie) ou encore Liars, Thee oh Sees et Pantha du Prince. Cette journée commence agréablement par un set incroyable de Pantha du Prince et le Bell Laboratory, dans la superbe salle Auditori Rockdelux. Une prestation impeccable, un public super attentif et complètement emballé signalent les bonnes augures de ce jour. On va jeter un œil amusé sur le troubadour Adam Green (accompagné par Binki Shapiro, de la formation Little Joyce – powerband indie avec Fabrizio Moretti des Strokes – et de Rodrigo Amarante de Los Hermanos). Adam Green, sautillant, ravi, n’hésite pas à se faire porter par la foule pendant que Binki transporte l’audience avec sa jolie voix. La suite, c’est à la Pitchfork que ça se passe : on se laisse emporter par la dark pop de Melody’s Echo Chamber. Après un bon sandwich vegan, c’est l’heure des choses sérieuses : Dead Can Dance sur la scène Ray-Ban. Concert impressionnant, majestueux, très classe qui aurait été encore mieux apprécié si les trois gossip girls derrière moi avaient pu la fermer. Petit détail : pour 2014, prévoyez des boules Quies qui filtrent les conversations. Le Primavera ressemble par moment à un véritable poulailler. C’est comme si on y venait pour parader et blablater plutôt que pour y voir des groupes en live. C’est un aspect très décevant du festival. Soit, continuons notre route et allons faire quelques bons sur le rock survitaminé des très tendances Thee Oh Sees, rappelant par moments les meilleurs morceaux de B52’s.
Vous suivez toujours? Tant mieux, parce que c’est presque fini. Grosse déception sonore (surtout au niveau technique) pour les Liars, d’habitude excellents en live. Et le gros morceau pour la fin : Nick Cave fournit un concert d’une heure (top chrono) très pro et très sexy (il aime bien tenir la main de ses fans et les embrasser). Venu présenter son dernier opus, il a veillé à conserver un équilibre entre les nouveaux et anciens morceaux, retraçant parfaitement le parcours discographique des Bad Seeds. La cerise sur le gâteau était censée être MBV. Une prestation lente dans ses enchaînements, bien noisy (comme à son habitude) et surtout malheureusement entrecoupée par le DJ set de la scène ATP. Oui, parce que le Primavera 2013, c’est aussi une nouvelle disposition des scènes pas toujours judicieuse (l’une à côté de l’autre). En bref, malgré quelques bons moments, le bilan reste fort mitigé. Neutral Milk Hotel est par ailleurs le premier groupe confirmé pour 2014 et les préventes sont disponibles à partir du 3 juin 2013. Si ça, c’est pas du marketing…
Nancy Junion