Basée sur un roman de science-fiction de l’auteure canadienne Margaret Atwood, intitulé La Servante écarlate, cette série en 10 épisodes, produite par la plateforme de streaming américaine Hulu, dépeint une société déshumanisée dont la barbarie fait froid dans le dos.
Dans un contexte de terrorisme et de ravages provoqués par une pollution sans précédent, la population de ce qui semble avoir été jadis les États-Unis vit dans la peur. Une catastrophe biologique a rendu la majorité des femmes stériles et, suite à un coup d’état, quelques individus sont parvenus à instaurer un régime totalitaire et théocratique sur ce territoire où celles qui sont encore capables d’enfanter sont privées de leurs droits pour ne plus qu’exercer leur « fonction biologique de base » : donner la vie.
Dans la république de Gilead, la gent féminine est divisée en quatre classes : les Épouses, qui sont des femmes de pouvoir. Elles sont mariées aux riches et puissants commandants de cette nouvelle communauté. Les Marthas qui s’occupent, quant à elles, des tâches ménagères et de la cuisine pour toute la maisonnée. Les Servantes, qui n’ont qu’une seule fonction : celle d’être l’incubateur à foetus des épouses stériles. Et enfin, les Tantes, sortes de mères supérieures impitoyables chargées d’instruire et de faire marcher les servantes au pas.
Gare aux récalcitrantes ! Pendaisons et mutilations sont les châtiments que subissent les insoumises dans cette société régie par un dieu tout puissant et des règles d’une barbarie sans nom. D’autres encore sont envoyées dans les colonies pour traiter les déchets nucléaires et donc vouées à une mort lente et douloureuse.
Personnage principal de la série, Offred (Elisabeth Moss) est capturée et attribuée au couple formé par un commandant haut placé, Fred Waterford (Joseph Fiennes), et sa femme, Serena Joy (Yvonne Strahovski). Jadis mariée à Luke (O.T. Fagbenle) et mère d’une petite Hannah, elle se retrouve maintenant séquestrée par les Waterford, condamnée à se faire violer tous les mois par le Commandant au cours d’un rituel à la mise en scène perverse appelé « la cérémonie ».
Premier constat : ce bouquin féministe et anti-clérical, paru il y a plus de 30 ans, pourrait tout à fait avoir été écrit aujourd’hui. C’est ce qu’on se dit quand on voit, par exemple, comment l’actuel président des États-Unis considère les femmes (la série est d’ailleurs devenue un outil de combat pour les féministes anti-Trump) ou les répressions que subissent les homosexuels en Tchétchénie. Dès les premières minutes du pilote, on se prend donc à sursauter d’effroi à l’idée qu’un jour tout cela puisse devenir notre quotidien. Ne dit-on pas que la science-fiction d’aujourd’hui est la réalité de demain ? Au fil des épisodes, une autre réflexion s’impose à nous : combien les droits acquis par toutes celles qui se sont battues, parfois au péril de leur vie, pour les obtenir sont précieux et surtout fragiles.
The Handmaid’s Tale, vous l’aurez compris, est une série qui séduira plutôt les adeptes de psychologie et de politique, que les amateurs de suspense ou d’action. Quoiqu’il y ait plusieurs moments de tension dans cette première saison. Un peu lente au démarrage, elle s’accélèrera dès le 6e épisode pour nous captiver toujours un peu plus jusqu’au final, qui ne fera qu’attiser notre curiosité. On a bu les paroles d’Offred nous racontant son histoire. On s’est délecté du cadrage soigné et des magnifiques gros plans sur les visages. On a savouré la bande son aussi variée que parfaitement choisie. À vous de vous faire votre avis maintenant !