La vérité a-t-elle encore une valeur ? Peut-on encore se fier à elle ? À l’heure des fakes news, de la manipulation médiatique et des théories du complot qui inondent les médias et la presse, à quoi et à qui pouvons-nous encore faire confiance ?
C’est le postulat de départ de The Capture, une production originale de la BBC qui, durant six épisodes, n’a de cesse de nous répéter : ce que vous avez vu, l’avez-vous vraiment vu ? Et si tout n’était qu’un mensonge ? Et si le blanc était finalement noir, et le cercle, un carré… et si un matin on venait vous chercher, chez vous, pour vous accuser d’un meurtre, car des images vidéo le prouvent. Vous vous sentiriez comme K dans Le Procès de Kafka, broyé par un système aveugle que vous ne pouvez combattre, car il a raison et vous tort, parce qu’il vous a condamné d’avance et que votre fin est inéluctable.
Avec The Capture, on suit le procès d’un héros de guerre anglais, le caporal Shawn Emery, accusé d’un crime durant une mission en Afghanistan. Le procès fait grand bruit et tout accable ce militaire, surtout une preuve imparable : il a été filmé par la caméra intégrée dans le casque d’un autre soldat. Il aurait exécuté un supposé taliban désarmé sans sommation. La preuve est claire et nette… et pourtant, sans déflorer quelques subtilités, le caporal est innocenté. Les premières semences du doute sont plantées quant à la véracité des images.
Notre héros, ainsi blanchi, peut fêter son acquittement avec ses compagnons de régiment et en particulier avec son avocate, Hannah Roberts, une spécialiste du droit humanitaire qui ne le laisse pas indifférent. Il n’hésite d’ailleurs pas à lui déclarer sa flamme. Et ça tombe bien, parce qu’elle-même n’est pas indifférente. Gentleman, il la raccompagne jusqu’à son arrêt de bus puis s’en va. Rien de plus normal. Pourtant, les forces de l’ordre débarquent en pleine nuit chez lui. L’avocate a disparu et Shaun Emery est responsable de sa disparition, il a été filmé.
Vous l’aurez compris, tout le concept de ce thriller tourne autour du mensonge, de la manipulation et de la force de persuasion des images mais aussi de cette technologie omniprésente qui fait notre quotidien. The Capture joue à fond avec son concept : vous êtes filmés 24h sur 24. Les caméras et les écrans sont partout. Mais êtes-vous réellement en sécurité ? Cette technologie censée vous protéger ne va-t-elle pas se retourner contre vous, n’a-t-elle finalement pas été créée pour être corrompue et se liguer contre ses utilisateurs ? Poser la question, c’est sans doute y répondre. On se retrouve dans une version 2.0 de ce que Orwell nommait, dans son visionnaire 1984, Le Ministère de la Vérité, ce ministère qui réécrivait l’histoire à sa guise et toujours dans son propre intérêt.
Polar haletant au scénario diablement ingénieux et à la mise en scène jouissive, notamment dans l’utilisation des images et des machines qui capturent ces images, la série nous emmène dans un Londres écrasé par ses caméras de surveillance (Londres, c’est un caméra de surveillance pour vingt habitants !). On pourrait résumer The Capture par une phrase du genre : vous croyez m’observer mais en fait c’est moi qui vous regarde, et ce que vous voyez n’est sans doute pas la vérité. Et quand la police vous dit : « circulez, il n’y a rien à voir »… Elle ment.