Roubaix, le 14 novembre 2014, 23h15. Moi l’amatrice de rock et de punk, de sonorités jazzy et blues, je me demande quelle mouche m’a piquée d’avoir accepté de couvrir un événement clubbing qui se déroulait pourtant dans la très belle usine réaffectée de La Condition Publique.
Arrivée relativement tôt (23h!) afin d’assister au début des hostilités qui s’ouvraient avec le set de Marquise, je me retrouve dans une salle quasi vide à tenter de comprendre une musique qui à mes oreilles sonne comme une projection totalement désordonnée de bruits stridents, exaspérants et tout à fait inutiles. Après un petit détour par le bar où je consomme une bière quelconque, je n’ai qu’une seule envie : reprendre ma voiture et rejoindre au plus vite Depardieu de l’autre côté de la frontière. Je prends mon mal en patience, en me concentrant sur la projection vidéo et accueille avec joie les quelques applaudissements de fin. Heureusement pour mon équilibre mental, la suite de la soirée sera d’un tout autre acabit!
Arrive en deuxième partie le duo The Geek x Vrv, à l’origine d’un beau cocktail de disco, rap, sonorités soul et voix latino-américaines. Le concept, fruit de deux musiciens généreux, n’est pas novateur mais cependant très agréable à l’écoute. Entre-temps, le public s’est bien étoffé. Malgré cette seconde partie plus réjouissante, j’éprouve toujours certains doutes. Jusqu’à l’arrivée timide du poète… Grand, beau, brun, ténébreux : Fakear entre en scène. Peu bavard, il se met directement à la tâche pour nous distiller une musique aérienne, savant mélange de beats imposants et de voix féminines, tantôt japonisantes tantôt arabes, pour une interprétation électro de la world musique. Parfois les beats prennent le dessus sur les voix parfois c’est le contraire mais, l’un dans l’autre, on plane sans l’aide de quelconques substances. Sous le charme, le temps me paraît beaucoup trop court. Déjà, il annonce doucement le dernier morceau et conclut en apothéose par un très beau moment de batterie électrique. Il est déjà 2 heures du mat quand arrivent les Australiens de What So Not. Ca sent le sérieux et le professionnalisme et les gars sont manifestement là pour faire danser. Le public est enthousiaste et se déchaîne. Bien que reconnaissant l’excellence de leur performance, j’ai dû mal à totalement adhérer, tant la prestation de Fakear m’a touchée.
Sur le coup de 3 heures du matin, alors que d’autres (toujours aussi jeunes et infatigables qu’au début) sont partis pour danser jusqu’au bout de la nuit, je décide de quitter sur la pointe des pieds cette soirée qui m’a permis de reconnaître – malgré toutes mes réticences – qu’électro et poésie peuvent effectivement faire bon ménage.