Le 1er mai dernier, des centaines de fidèles s’étaient donné rendez-vous à Lessines, petite ville située au nord de la province du Hainaut, à l’occasion de la 9e édition du Roots & Roses Festival.
Même si de prime abord rien ici (à part peut-être les chapiteaux de cirque bondés, installés en pleine campagne, qui ne sont pas sans rappeler les rassemblements évangéliques des plaines du Missouri) ne fait penser à un lieu de culte, en y regardant de plus près, pas mal d’éléments peuvent s’en rapprocher : un curé déchaîné, des musiciens prompts aux solos et aux morceaux tout en longueur, un public en transe prêt à recevoir la bénédiction d’une religion qui n’existe pas, la distribution du sang du Christ via les bars et des enfants de choeur toujours là pour accompagner l’équipe paroissiale. Les organisateurs ont même pensé à la quête, en nous faisant débourser 10 euros pour 9 tickets. Grâce à cette technique, ils empochent 13 centimes par consigne, multipliés par le nombre de personnes présentes… On vous laisse calculer le bénéfice !
Mais revenons à ce qui nous intéresse : les concerts. On commence notre marathon musical avec King Khan & The Shrines, formation de rock garage et de soul psychédélique, originaire de Montréal. Un des seuls groupes à s’être affranchi des règles du festival et à foutre un peu le bordel. Même s’ils sont Canadiens, ça sent les bas-fonds anglais. Un gros bide, des costumes, des musiciens déchaînés, des micros dans le slip et de la sueur, plein de sueur. L’énergie qui se dégage de la scène est puissante, si bien que les filles de The Darts ne résistent pas à rejoindre le Roi Khan et ses Shrines pour frapper le tambourin. Tout ça au beau milieu de l’après-midi, ce qui nous permet d’être encore relativement sobres, contrairement au guitariste de The Black Lips qui a vraiment galéré pour remettre sa guitare.
Le pape du jour se produit avec ses acolytes de Tjens Matic : Arno remonte le temps et il le fait bien. Un petit peu de Tjens Couter et de TC Matic pour un mix qui secoue les poils de tout le monde, du punk à la belge et du blues crasseux dans le même shaker. Toujours les mêmes mimiques scéniques et cette capacité à bouger très peu mais à dégager une énergie folle, comme quoi, parfois, ça ne sert à rien de sauter dans tous les sens ! On retrouve tout : l’harmonica qui envoie, la batterie massive qui mène le bateau, devancés juste comme il le faut par la voix ‘rockailleuse’ d’Arno. Toutes les générations pogottent dans le public car, quand il est juste, le old school parle à tout le monde. On regrette toujours l’absence de liberté due au planning : les morceaux s’enchainent vite, très vite, une respiration de deux secondes et hop, au suivant. Pourtant, Arno, un de ces trucs, c’est de balancer des conneries entre ses chansons, et là, ça nous manque.
On s’attarde, on discute, parfois on en oublie d’aller voir les concerts et on n’a pas envie que ce soit fini. Bref, on retiendra plein de bonnes choses de cette première visite au Roots & Roses. Un chouette festival qui, l’arnaque de la quête en moins, pourrait devenir excellent.
Pascal Lazarus