Sorti dans les salles belges depuis quelques semaines, Razzia, sixième long-métrage du réalisateur franco-marocain Nabil Ayouch (Much Loved, Les chevaux de Dieu), suit le destin de cinq personnes éprises de liberté, des montagnes de l’Atlas à Casablanca et à travers les époques. Cinq personnes qui ont un lien entre elles mais ignorent lequel, et ne se connaissent d’ailleurs pas.
Nous sommes dans les années 80. Abdallah est instituteur dans un petit village où il enseigne en berbère. Les enfants adorent leur professeur qui leur apprend des tas de choses sur la montagne, la science, la géographie… Leur bonheur tourne court lorsque le gouvernement impose l’enseignement en arabe alors qu’aucun de ses élèves ne comprend cette langue. L’instituteur se voit donc tiraillé entre ses convictions et ses obligations.
Salima, quant à elle, aspire à plus de liberté dans un Maroc d’aujourd’hui qui lui semble peu adapté à ses besoins. Confrontée à un dilemme, elle devra prendre une décision radicale qui changera sa vie. Joe, le troisième personnage, travaille dans le restaurant de son père et fait partie de la minorité juive marocaine.
Hakim, lui, est fan de Freddy Mercury et rêve de faire carrière dans la musique. Une passion qui n’est pas acceptée par tout le monde. Et enfin, Inès est une adolescente de 15 ans qui évolue dans un milieu aisé. Elle a du mal à trouver sa place dans un univers où la modernité et la tradition se mélangent constamment.
Cinq individus ayant comme point commun une soif de liberté qui semble difficile à assouvir à cause de l’époque et de l’endroit où ils vivent. Ils doivent en effet s’adapter au rôle que la société leur impose s’ils veulent être intégrés.
En parallèle, l’histoire de ces destins croisés est entrecoupée de scènes de manifestations et de pillages. On y parle également beaucoup du film Casablanca avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman, sorti en 1942 et entièrement tourné en studio à Hollywood.
Ces portraits aident à mieux comprendre la difficulté que certains peuvent avoir face à la liberté et la modernité qui les appellent, et la confusion qu’ils peuvent ressentir face à certaines traditions, malgré tout le respect qu’ils ont pour elles. Razzia se termine sur une touche d’espoir pleine d’humanité, si simple mais si belle.
Sophie de Crayencour