Vendredi, autant dire que sur le coup de 18h30, c’est la tempête. Parcourir les 200 mètres qui séparent le métro de l’entrée : même avec un parapluie, on est trempé. On survivra! Surtout que le premier concert, c’est dans l’Auditori de Luxe, dans la belle architecture du Museu Blau.
Mick Harvey vient rendre hommage à Serge Gainsbourg. Accompagné par des vrais musiciens de jazz, il entame sa performance par Requiem pour un con, ou plutôt Requiem for a fool. Oui, en anglais, et c’est assez déroutant, on en oublie presque les paroles qu’on a pourtant envie de fredonner. Moult frissons pendant l’année érotique, des petits ratages ne gâcheront en rien ce concert savoureux. Et pour Intoxicated Man, Mick Harvey nous fera le grand plaisir d’achever ce titre (en français dans le texte). Il a même imaginé une manière assez originale pour reprendre Comic Strip : il a enregistré les sons, au lieu de les faire chanter.
On reste là, car après le grand Mick (surtout connu pour ses productions avec Nick Cave), c’est au tour du duo Body/Head, formé par la grande dame Kim Gordon (feu Sonic Youth) et Bill Nace. Elle a trop la classe dans ses bottines lamées or et son minishort assorti. Une performance noisy et arty d’une bonne trentaine de minutes, que certains festivaliers n’auront pas toujours le courage de suivre entièrement.
Petit intermède pendant Slowdive, qui n’a pas changé et fait toujours cette lo-fi wave bucolique. Vite, vite, à la Vice! C’est l’heure de Lee Ranaldo & the Dust. Lee et Steve Shelley (anciens Sonic Youth) prennent leur pied, tandis que bassiste et deuxième guitariste restent un peu dans l’ombre. Lee, fidèle à lui-même, viendra remercier brièvement ses fans après avoir quitté la Vice, au bout d’un très bon concert qui requinque l’humeur.
Un chupito de whisky, et on va voir ce que les Pixies ont à donner. Pas grand’chose, semble-t-il, si ce n’est que de fournir un jukebox de hits pendant les dernières minutes. Where is Kim Deal? This monkey has gone to heaven since long (celui des Breeders), et est remplacée par une sosie d’une vingtaine d’années en moins. Ils enchaînent, sans prononcer aucune paroles pour le public. Il fallait s’y attendre…
Un petit tour du côté de la Pitchfork pour le post metal de Deafheaven, qui flirte avec le doom. Puis on se prend une bonne tranche de rock’n’beasts avec les Danois de Kverlertak. Le chanteur porte, pour les premières minutes, une sorte de couvre-chef avec une chouette empaillée. Hum, aurait-il suivi la tendance qui consiste à porter un oiseau en guise de chapeau? Bref, ils font du rock à couilles, et on distingue facilement l’influence du seigneur Lemmy.
Ça, c’était pour vendredi!
Nancy Junion