Premier long métrage du jeune réalisateur belge Antoine Cuypers, Préjudice était projeté ce vendredi 2 octobre en ouverture du Festival International de Film Francophone de Namur. Un huis clos familial sous tension qui invite le spectateur à la réflexion.
Il fait beau aujourd’hui, la table du jardin est dressée pour le repas et une agréable journée se profile pour Cédric et les siens. Tandis que son père s’active devant le barbecue, Caro, sa sœur, trépigne d’impatience d’annoncer à sa famille qu’elle est enceinte. Alors que tous se réjouissent de l’arrivée prochaine de ce bébé, Cédric ne partage pas l’enthousiasme général. Le jeune homme s’estime en effet victime d’un préjudice et semble bien déterminé à plomber l’ambiance pour obtenir gain de cause.
Cédric a été élevé en vase clos, comme un enfant non désiré que l’on voudrait punir de sa singularité, c’est en tout cas ce qu’il pense. Pour lui, c’est clair, à force de le traiter comme un incapable, son père et sa mère l’ont rendu fou. De leur côté, ses parents – et particulièrement sa mère, qui apparaît épuisée physiquement et psychologiquement – ont l’impression d’avoir sacrifié leur vie pour cet enfant différent. Au fil de la soirée, on découvre également une sœur jalouse de l’attention que ses parents portent à ce fils malade et un frère insensible qui n’hésite pas à user de la force quand il s’agit de se débarrasser de cet élément perturbateur en l’envoyant « piquer sa crise » dans sa chambre.
À partir de quand devient-on anormal aux yeux de quelqu’un ? C’est l’une des nombreuses questions que soulève ce film. Prenant le parti de ne pas tomber dans l’explicatif (on ne nomme jamais le trouble dont souffre Cédric), le réalisateur laisse au spectateur l’opportunité de se forger sa propre opinion, tout en le confrontant aux actes et à l’émoi de ses protagonistes par l’utilisation de nombreux plans serrés. Surprenant dans le rôle d’un père introverti, à mille lieues du rockeur en veston noir connu du grand public, Arno donne la réplique à une Nathalie Baye aussi diabolique que convaincante. Mention spéciale à Thomas Blanchard qui, à travers son interprétation du personnage de Cédric, parvient à rendre perceptible la souffrance d’un être privé de son individualité.