Peter Kernel était en concert ce mercredi 31 octobre, au Tipi, à Liège. L’occasion d’en savoir plus sur ce trio punk-rock. La rédaction de BeCult vous propose de découvrir l’interview des deux membres fondateurs du groupe : Barbara Lehnhoff (basse/chant) et Aris Bassetti (guitare/chant).
Liège, 21h, c’est l’effervescence au numéro 13 de la rue Roture. En cette veille de Toussaint, le collectif Honest House nous promet un concert explosif « qui remuera celles et ceux qui se trouvent six pieds sous terre ». Les belges de Billions of Comrades ouvriront la soirée pour céder la scène à Peter Kernel, les « Sonic Youth » tessinois.
Peter Kernel, c’est avant tout un duo, celui d’Aris et de Barbara, dont les voix se mélangent sur des rythmiques simples mais efficaces. En tournée avec White Death & Black Heart, leur dernier album, sorti il y a un peu plus d’un an sur le label Africantape (Electric Electric, Aucan, Papier Tigre, etc.), ils ont accepté de répondre à nos questions :
Vous avez joué dans différentes salles en Belgique. Que retenez-vous de ces concerts?
Aris : on a joué à Mouscron, hier on était à Bruxelles pour la deuxième fois et ce soir à Liège. Chaque concert est différent. A Mouscron c’était « sauvage » parce qu’on n’avait pas de scène. On jouait à quelques mètres du public, les gens criaient… ils étaient vraiment chauds! A Bruxelles, les gens étaient tout aussi excités mais là on était sur une scène. Et ce soir, à Liège, c’était très bien. Je pense que la première fois que vous jouez quelque part, les gens viennent vous voir parce qu’ils ne nous connaissent pas très bien, ils ont lu quelques trucs sur vous et veulent voir ce que ça donne mais ce n’est réellement qu’à votre second passage dans une ville que les gens se lâchent vraiment. Et ce soir, à Liège, on a eu la réaction qu’on souhaitait du premier coup, donc c’est cool.
Pourquoi Peter Kernel? Est-ce que ça a une signification particulière pour vous?
Aris : on voulait avoir un nom qui pouvait donner l’illusion qu’on n’était qu’une seule personne, sans pour autant choisir un nom qui signifie quelque chose de particulier. On est très attiré par les opposés. On utilise beaucoup les contraires avec Peter Kernel comme, par exemple, pour le titre de notre dernier album White Death & Black Heart. Peter est un prénom très commun alors que Kernel (ndlr : le noyau, en anglais) représente vraiment l’essence des choses.
Vous vous définissez comme un groupe d’art-punk-rock. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous entendez par là?
Barbara : on fait différentes choses à côté de la musique, des choses artistiques comme des clips, des t-shirts, du graphisme. On utilise une approche punk pour tout ce qu’on fait.
Aris : oui, parce qu’on se fiche de faire les choses d’une manière précise et de jouer exactement la même chose à chaque fois. On est vraiment très instinctifs, on ne s’encombre pas avec la forme. On veut juste faire notre truc comme on le sent et on travaille comme ça pour tout ce qu’on fait.
Cela fait un peu plus d’un an que vous avez sorti votre dernier album. Travaillez-vous actuellement sur un nouveau projet?
Barbara : on voudrait commencer à écrire de nouveaux morceaux à partir de fin décembre-début janvier parce qu’on a pas mal d’idées en tête.
Aris : en général, on ne se dit pas « ok, aujourd’hui, on écrit ». On a plein d’idées de mélodies et de paroles qui nous viennent à différents moments. Ensuite, on essaye petit à petit de créer quelque chose à partir de ces divers éléments et c’est ce qu’on compte faire dès le mois de janvier.
Barbara : oui, parce que là on est en tournée et c’est vraiment cool, donc on en profite!
Comment gérez-vous le fait d’être en couple et de faire de la musique ensemble?
Barbara : on a l’habitude de travailler ensemble sur les vidéos, le graphisme, on va dans la même direction. Pour la musique, c’est un peu différent, c’est un long processus. Il est suisse donc il veut essayer toutes les variations possibles… et parfois on se retrouve avec 87 versions enregistrées d’une chanson (rires).
Aris : en fait c’est parfois compliqué parce qu’on va dans la même direction mais on a des idées différentes donc c’est souvent le « combat » entre nous mais, au final, le résultat qui en découle nous satisfait toujours tous les deux.
Barbara : oui, et comme est en couple, on fait tout ensemble alors, quand les choses se passent bien, c’est vraiment cool et on est vraiment heureux mais, quand ça va mal, c’est difficile parce que ce n’est pas comme si tu pouvais rentrer à la maison et dire à ton petit copain : « aujourd’hui j’ai passé une sale journée ». Donc on est tous les deux « down » et tristes en même temps…
Aris : c’est vrai que ce n’est pas facile de travailler ensemble quand on est un couple mais je pense qu’on a trouvé les bons outils pour passer au-dessus de ce genre de problème, pour dépasser les périodes de crise.
Qu’écoutez-vous en ce moment comme musique?
Aris : on écoute beaucoup de musique en streaming. Pour le moment, je suis très attiré par la musique traditionnelle indienne, celle qu’on entend dans la rue et qui est enregistrée de manière très brute, très « noisy ». Barbara, elle, est plutôt hip-hop. D’ailleurs, elle a un nouveau projet musical…
Barbara : ça s’appelle Camilla Sparksss. A la base, je voulais que ce soit un projet hip-hop et, finalement, c’est devenu plus électro-noise. Mais je voudrais vraiment faire du hip-hop un jour parce que j’aime leur approche directe, leurs rimes et puis, ils ont toujours tellement de choses à dire alors que moi, je n’ai jamais rien à dire (rires).
Aris : on écrit les chansons ensemble mais, sur scène, Barbara chante et joue du synthé accompagnée par une danseuse. On est influencé par beaucoup de chose, je pense que c’est pour ça qu’on essaye d’avoir différents projets. Parce que ce serait vraiment bizarre de mixer toutes ces influences dans un seul projet (ndlr : Peter Kernel), je crois que les gens seraient perdus si c’était le cas.
Est-ce qu’il y a quelque chose qui vous a marqué pendant votre tournée et, plus particulièrement, pendant le concert de ce soir?
Barbara : le mec qui s’est déshabillé, ce soir, devant la scène, c’était vraiment cool…
A lire : Billions of Comrades : Brass EP