La sixième édition de l’Opération Tremplin, initiative commune du Centre Culturel du Brabant wallon, de la Ferme du Biéreau et de la Province se déroulait ce 29 novembre, à Louvain-la-Neuve. Une soirée au cours de laquelle nous avons été frappés par la grande qualité des groupes sélectionnés qui, bien que tous d’univers musicaux très différents, n’ont pas manqué de combler le public présent.
L’Opération Tremplin a pour but de promouvoir de jeunes groupes issus de la scène pop-rock en leur permettant, d’une part, de bénéficier de conseils lors d’une résidence et, d’autre part, de se faire connaître par les professionnels et le grand public. Comment? En leur offrant une scène de 35 minutes chacun lors d’une soirée de concerts organisés à la Ferme du Biéreau : Le Grand Tremplin.
Cette année cinq groupes avaient été sélectionnés après avoir chacun gagné l’un des concours organisés par des festivals locaux tels que l’Inc’Rock, le Welcome Spring Festival ou le BW Festival : Def Monk, Rising Sparks, Alaska Alaska, Leopold Tears et Jane Doe and the Black Bourgeoises. En outre, The Peas Project – dont c’était le dernier live – était invité, en qualité de parrain de l’opération, à enflammer une dernière fois le public.
Def Monk avait la difficile tâche d’ouvrir les hostilités et on peut dire qu’ils ont remportés le défi haut la main. Ces gars ont été biberonnés au lait Django Rheinardt, mélangé à celui des Négresses vertes et leur jazz manouche donne d’emblée l’envie de danser. Le groupe peut cependant adopter un registre plus calme avec un chanteur qui a manifestement une voix de crooner. Un seul qualificatif nous vient à l’esprit : générosité. Les membres de Def Monk sont heureux de jouer et de chanter et n’ont d’autre but que de communiquer ce bonheur au public.
Le second groupe à se produire était Rising Sparks. Dès le début on s’interroge : est-ce le nom d’un groupe ou d’un seul homme? Tant le chanteur en impose par son charisme, au point d’éclipser totalement les autres membres du band. Véritable bête de scène, il charme le public… majoritairement féminin (plusieurs filles semblaient avaient fait le déplacement uniquement pour cette prestation). Seul regret mais sans rapport avec la performance : le choix des titres repris sur la compilation, compile éditée chaque année par les organisateurs du tremplin. Ont été retenues deux ballades : Hide And Seek et Nothing’s Gonna Change, qui certes sont tout à fait agréables à l’écoute mais ne reflètent nullement le punch dont ils font preuve dans un registre beaucoup plus rock, davantage apprécié par notre rédaction.
Changement radical d’atmosphère avec un groupe non pas venu du Grand Nord mais de Namur : Alaska Alaska. Rarement un groupe n’a aussi bien porté son nom. Fermez les yeux et vous êtes inexorablement emportés par la voix envoûtante et mystérieuse du chanteur vers des steppes enneigées et désertiques où vous avancez au rythme puissants des guitares, de la basse et des percussions. En totale opposition avec le groupe précédent (hasard de la programmation ?), aucun membre ne se met en avant et ce qu’on avait, dans un premier temps, pris pour de la timidité chez le chanteur s’avère (Alaska Alaska nous a accordé une interview) être en réalité beaucoup de pudeur et une très grande sensibilité. Dépaysement assuré!
Le quatrième groupe programmé à La Ferme du Biéreau était hors concours, puisqu’il s’agissait du parrain de la soirée : The Peas Project. Après 10 ans d’existence, ils étaient présents ce soir-là pour un dernier concert. Ce mélange de funck, de hip-hop et de sons électro assurés par un collectif de 11 personnes (deux chanteurs et neuf musiciens dont un solide quartet de cuivres) vous invite à bouger et même si, à priori, vous êtres plutôt du style statique, vous vous surprendrez à rapidement vous déhancher.
Retour au rock avec Leopold Tears qui a assuré une prestation tout en crescendo. Commençant par un titre relativement soft Neverending March, le live s’est ensuite poursuivi sur un registre qui ne peut renier l’influence de Muse pour se terminer par une dernière chanson fleurtant avec le hardcore. Un morceau chargé en riffs durant lequel le leader du groupe apparaîtra emprisonné dans une camisole de force et aveuglé par une puissante lumière blanche. Aux dires du chanteur, la résidence a manifestement été très bénéfique au groupe qui a eu l’occasion de composer deux nouvelles chansons dont le beau Morning After qui se retrouve sur la compilation Opération Tremplin.
Il est déjà plus de minuit quand entre en scène le dernier groupe de la soirée : Jane Doe and the Black Bourgeoises. Et on a envie de dire enfin… enfin une rockeuse et une vraie! Jane Doe est en effet une digne descendante de Debbie Harry, de Joan Jett et de Courtney Love. Malgré la désertion d’une partie du public en raison de l’heure tardive, elle et ses black bourgeoises ont assuré un set bien carré en offrant notamment des reprises particulièrement réussies de Painted in Black des Rolling Stones et de Kids in America de Kim Wilde. Le groupe n’est pas en reste par rapport à la chanteuse (guitare, basse et batterie puissantes) et lorsque la testostérone, avec une pointe de féminité (n’oublions pas la charmante choriste), est au service d’une diane chasseresse du rock, cela donne Jane Doe and the Black Bourgeoises.
Le rideau se referme donc sur cette note positive qui nous offre à penser que ce Grand Tremplin est une excellente initiative pour les jeunes groupes. Ceux-ci y trouvant une structure et des conseils avisés leur permettant d’avancer dans leur cheminement artistique.