C’est sans avoir écouté une seule note d’Oiseaux-Tempête que nous nous sommes rendus à leur concert au Botanique samedi 7 novembre dernier. Un groupe étiqueté post-rock avec un nom dadaïste aussi cool qui joue à la Rotonde, ça doit forcément être bien. Ce concert s’est finalement avéré tellement riche émotionnellement que nous avons quitté la salle, le vinyle sous le bras. Coup de foudre.
Disons le tout de suite : le terme post-rock n’est absolument pas suffisant pour appréhender la musique du quatuor parisien. Comment mettre des mots sur cette expérience sonore hors du commun ? Ok on tente. Entre improvisations free jazz, montées soniques, punk noisy, ambiances orientales et field recordings à connotations militantes, les musiciens font preuve d’une large palette d’influences qu’ils s’approprient sans aucun mal. Le résultat brouille autant les pistes qu’il captive.
Dès les premières notes, l’ambiance est à l’introspection dans une Rotonde dont l’acoustique en fait décidément l’une des meilleures salles de Bruxelles. D’emblée, c’est l’inhabituel son de la clarinette basse qui attire l’attention, joué par Gareth Davis venu se greffer au trio depuis le second album Ütopiya?. L’instrument apporte une dimension aérienne et boisée aux ambiances à la fois lourdes et rayonnantes de la formation. Au devant de la scène, Stéphane Pigneul et Frédéric Oberland, le noyau dur d’Oiseaux-Tempête, naviguent à eux deux parmi pas moins de six instruments tout au long de leur performance. Sylvain Joasson, le batteur, nous livre quant à lui un jeu percussif aéré, soulignant les envolées sonores et participant à cette ambiance épurée tout au long du concert.
Le groupe captive par sa capacité à distiller de longues plages sonores propices aux improvisations. Cette grande liberté apporte quelque chose de très organique, de très direct aux structures cycliques et ascensionnelles des morceaux. Un sentiment de prises de risques permanentes, chose que l’on n’a plus tellement l’habitude de ressentir dans la scène indé.
Oiseaux-Tempête, OVNI du paysage sonore, est un groupe que l’on vous recommande chaudement, tant leur concert nous aura retourné. On prie pour les revoir bientôt en territoire belge bien que, cette fois, leur disque vinyle aura multiplié ses révolutions dans notre salon.
Pablo Fleury