Oui, la vie nocturne rock’n’roll est possible ailleurs qu’à Bruxelles ou en Flandre! Elle passe aussi par Charleroi. Installé en 2008 dans les murs de l’ancien Théâtre du Vaudeville, le Vecteur a bien des atouts. Une infrastructure moderne, un personnel accueillant, de l’eau minérale offerte et surtout, une programmation alléchante. Dont ce vendredi 29 novembre, une soirée bien en jambes avec Mont-Doré, 30 000 Monkies et les japonaises de ZZZ’s.
Le Vecteur est situé dans la rue de Marcinelle, en passe de devenir le quartier hipster de la capitale des terrils, mais il faut quand même avoir le coeur de se rendre jusque là. En effet, les travaux inter-minables de Charleroi ne donnent vraiment pas envie d’aller voir ce qu’il s’y passe. Alors, espérons que Paul (and the Gang) voudra bien activer ses ouvriers (déjà, il faudrait en embaucher en suffisance) afin de terminer ces foutus travaux le long et autour des quais de Flandre et du Brabant. Car en ce moment, et depuis plusieurs années déjà, la tête du Hainaut fait bien triste mine… il est grand temps qu’elle revête ses plus beaux atours!
21h30 tapantes (horaire idéal quand on vient de loin), Mont-Doré s’empare de la scène à coups de riffs tonitruants sur des visuels à en couper le souffle. Ces visuels défilent à toute allure et de manière hypnotique sur les comparses de la nouvelle scène XC de BxHell. Notons que le chanteur arbore un t-shirt smiley XC qui va sans doute bientôt faire des ravages, tandis que l’un des guitaristes porte avec fierté le t-shirt du groupe local qui flambe en ce moment : Castles. Le bassiste, lui, a tombé la chemise et préfère manier sa basse nus pieds sur un joli petit tapis tissé main. Mont-Doré, c’est un peu comme un retour aux sources du hardcore noir-jaune-rouge, du jus tout droit sorti des tripes après avoir passé de longues années à écumer les concerts du même genre au Magasin 4. Les passages plus tranquilles, qui pourraient sans doute être un peu plus longs, sont maîtrisés par tous, et pour les connaisseurs, la touche élaborée des riffs du meneur de Thot sera vite repérée. Bref, Mont-Doré fout bien la pêche!
Le public a grandi avec cette scène, la moyenne d’âge se situe entre 25 et 35 ans, et comme la salle prête à l’assise, et bien, la majorité de l’audience passera un bon concert confortablement installé… Est-il fini, le temps où on se ramassait les poteaux du Magasin 4?
Le temps d’un break autour d’une bière ou d’un verre de vin servi avec sagesse, c’est au tour de 30.000 Monkies de monter sur le ring. Les débuts se passent assez bien, on croirait par moments entendre du stoner mélangé à du Soundgarden. Mais au fur et à mesure que les morceaux passent, le public se perd. En effet, même si le tout est bien enrobé en écoute à la maison, il y a encore du boulot au niveau du live. Ils ont l’air fatigué, les garçons… Une petite cure de vitamine C ne leur ferait pas de tort. La rédaction de BeCult aura essayé de rester jusqu’au bout, mais sera vaincue par ce morceau ressemblant plus à une vieille bande son de fête foraine désarticulée qu’à une bonne tranche de stoner métal.
Le troisième live de la soirée ne se fait pas longuement attendre. Le trio nippon qui compose ZZZ’s, fort timide jusqu’à l’avant dernière chanson, ne manque pas de charme. Elles composent une sorte de no wave acidulée à souhait, telles les petites soeurs spirituelles de Kim Gordon en mode Free Kitten. La nonchalance sonore sexy de l’association guitare et basse est harmonieusement assortie par les rythmiques mathématiques de la batteuse. Et on pourra bien se l’avouer, Dave Grohl peut trembler! Thurston Moore risquerait bien, lui aussi, d’être jalousie face aux prouesses de la guitariste. Même si c’est noisy dans le fond, la saturation, elle, sera quasiment absente pendant tout le set. Notons un étonnant « encore », au cours duquel les filles pousseront des cris à en faire pâlir les plus prudes de la salle. Ah oui, au fait, quelques passages des morceaux de ZZZ’s rappellent aussi au bon souvenir d’Einstürzende Neubauten (groupe qui aura conquis la scène japonaise en son temps de gloire). Silence, is not sexy (at all).
Nancy Junion