Pour son quatrième long métrage, Bouli Lanners a choisi comme décor les paysages glacés de la Beauce, une région agricole française située au sud-ouest de Paris. Avec Les Premiers, les Derniers, il nous embarque dans un road movie à la croisée du drame social et du western, dont la sortie en salles est prévue le 24 février.
Le vent, les nuages et la lune se perçant un chemin jusqu’au regard rêveur de Bouli Lanners, ou plutôt Gilou, marquent le début d’un voyage atypique. Gilou et son comparse Cochise (Albert Dupontel) doivent récupérer un téléphone portable contenant des informations compromettantes. Pour tenter de localiser le sésame, les inséparables chasseurs de primes utilisent un système GPS qui les entraîne dans une aventure aux allures de western décharné, dans une France profonde et isolée, sous un ciel de grisaille.
En parallèle, la caméra suit le parcours du jeune couple formé par Esther (Aurore Broutin) et Willy (David Murgia), apparemment en cavale, sursautant aux moindres craquements environnants. Ils se nourrissent de snacks, pris à la dérobée dans les hôtels, et semblent fuir un grand danger. Esther et Willy croisent la route de Jésus, sauveur malgré lui, tandis que Gilou et Cochise poursuivent vainement leur traque et décident de faire halte dans un petit hôtel, tenu par un homme très âgé (l’admirable Michael Lonsdale).
En se promenant avec son chien Gibus, Gilou fait une découverte qui l’attriste fortement et sollicite l’aide du maître d’hôtel. C’est alors qu’entre en scène Max Von Sydow (acteur fétiche d’Ingmar Bergman), dans le rôle du croque-mort. Les routes de ces personnages vont se croiser, ou pas. Et ça, c’est le film qui vous le dira.
Un casting de choix, avec Bouli Lanners et Albert Dupontel transformés en bikers (même s’ils conduisent un 4×4 utilitaire) totalement convaincants et diablement sexy. Les seconds rôles ont été sélectionnés avec brio, sans oublier le magnifique Max Von Sydow et l’excellente interprétation du personnage farfelu de Jésus par Philippe Rebbot. Une bande-son rêveuse, folk et blues à souhait (Wovenhand, Lilium, The Cheap Killers), qui colle parfaitement à la photographie de Les Premiers, les Derniers.
Au-delà de la tristesse ambiante des lieux et de l’amertume qui guette la plupart des personnages, Les Premiers, les Derniers constitue un road trip unique en son genre, à la fois sombre et rêveur, à l’image de son fabuleux réalisateur. On devine Bouli Lanners au volant, accompagné de son fidèle Gibus, effectuant un repérage minutieux des lieux pour tourner ce long métrage touchant, aux paysages splendides dans leur désolation. Une poésie troublante et cendrée, comme un réveil à l’aube de la fin du monde.
Nancy Junion
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