Ce samedi, on passe sa vie au Labo. Petite nouvelle qui défriche, la scène met à l’honneur une programmation psyché-indie-stoner pour le plus grand plaisir des amateurs de riffs lourds, répétitifs et obsessionnels.
Alors que Deez Nuts reprend Pennywise sur la Cannibal, la pop cotonneuse de LA Priest envahit la Petite Maison dans la Prairie. C’est vers 17h45 que les choses sérieuses commencent au Labo, avec la malice d’un The Kinks vs la rage de The Horrors première mouture des jeunes Grecs d’Acid Baby Jesus. Pour la première fois, il semble que le Labo soit rempli à ras-bord, et on comprend au bout de trois riffs pourquoi : Acid Baby Jesus met la patate, à coups de guitares garage et psyché bien balancées, devant un public qui sent bon le sable chaud (Hum hum).
On hésite à s’arrêter quelques instants pour manger mais on prend finalement son mal en patience avec une boisson vitaminée orange à 3,75€ en attendant la venue des Bordelais de Mars Red Sky. Il ne leur faut pas plus de 5 minutes pour convaincre l’assemblée qui balance sa tête de haut en bas, formant des volutes de poussières douroises (pas besoin de canon à fumée). Le trio fournit l’un des meilleurs concerts à apprécier sous le chapiteau grâce à son alchimie entre chant aérien, guitare obsédante, basse bien présente et rythmiques qui vous collent à la peau.
Il est 20h05 et on a encore plus faim après cette mélopée savoureuse servie sous le Labo. Mais on ne va pas rater Carl Barât et ses Jackals sous prétexte qu’on a une folle envie de grailler quelque chose de nourrissant (pour ne pas dire bon) dans le quartier bouffe. On se dirige vaillamment en direction de LPMDLP, pour se glisser sans effort au deuxième rang du concert de l’ancien Libertines. La Petite Maison dans la Prairie n’est qu’à moitié pleine mais on sait que de nombreux festivaliers sont devant Black Milk, Mo et Laetitia Sheriff. Il n’empêche à Carl et ses jeunes musiciens d’offrir à son public un concert digne de ce nom, qui mélange parfaitement des genres différents, et où on sent la patte Libertines/Barât bien présente.
21h. C’est le moment idéal pour s’engloutir un plat veggie à 8 tickets (soit 10€), avec en fond sonore Agnostic Front à la Cannibal. On s’amuse à regarder les festivaliers qui, tout doucement ou très rapidement, commencent à ressentir les effets du soleil, de l’alcool et d’autres drogues non autorisées (Chut chut, pas de marques).
L’homme derrière Jessica93 commence son set bien à l’heure et envoûte l’audience du Labo en moins de deux mesures. On se balade un peu partout pour tâter l’ambiance. ça danse grave au premier rang et, au deuxième, y’en a même qui font des cœurs avec leurs mains. Un peu plus loin, ça se secoue aussi et nos préférés, les danseurs du dimanche (ceux qui vont au fond pour avoir plus d’espace), s’en donnent à cœur joie, à côté de certains siesteurs téméraires (il fait sombre là-dedans) qui planent en dormant. Jessica93, c’est l’asile sonore en orbite sur une planète noise, no et cold wave proche d’Uranus, où on paie toute sa dette karmique, en s’envenimant les veines et le cœur de son poison absolu, et qui plonge l’auditeur dans une vague dansante pour terminer dans l’inertie la plus trippante.
Le soufflé retombe tout doucement après cette splendide prestation de Jessica93, et on regrette à peine d’avoir manqué Roni Size. C’est avec une bonne demi-heure de retard que Madame Lauryn Hill entre en scène. Mais c’est avec plus d’une heure de retard qu’on se décide à bouger jusqu’à la dernière arène pour entendre, et voir de loin, ce que ça donne. L’ambiance est bonne, mais la plaine s’est déjà bien vidée, pour la dernière demi-heure de la diva qui assure avec un groove incroyable dans la voix. Si elle était née bien avant, elle aurait sans doute côtoyé Billie. Et c’est là-dessus qu’on se prend des vacances pour repartir du bon pied en jour 5.
Nancy Junion