Laura, jeune femme de 18 ans issue de la communauté juive tunisienne, habite la banlieue parisienne avec sa famille, dans un quartier de Sarcelles appelé « la petite Jérusalem » car de nombreux juifs y ont émigré. Dans cette vie qu’elle n’a pas choisie, notre héroïne se sent comme un poisson remontant la rivière à contre-courant : entre les rites sacrés de sa religion et ses études en philo, son cœur balance. Sa famille, très présente, ne s’oppose pas à ses études mais essaie de la convaincre de suivre la Torah plutôt que Kant.
Vivant dans un appartement assez modeste entourée par sa mère, sa sœur et son mari, ainsi que par les quatre enfants de ces derniers, Laura est de plus en plus à l’étroit dans ce monde où la religion prend une place assez importante. Elle décide alors de s’imposer ses propres rites – comme l’en a inspiré Kant – telle que sa promenade quotidienne en début de soirée. Promenade qui n’a pas pour seul but de faire cogiter ses méninges… ses pensées vont également à cet homme qu’elle croise et qui travaille au même endroit qu’elle.
Malgré elle, et surtout malgré les mises en garde de sa famille, Laura tombe éperdument amoureuse de cet homme à priori inaccessible. Un amour très romantique qui déchire les tripes, comme on en voit rarement à l’écran. Laura est alors confrontée à des prises de décisions qui vont changer le cours de sa vie, ce qui nous rappelle que la vie n’est faite que de choix.
La Petite Jérusalem fait réfléchir sur le monde d’aujourd’hui et la confrontation de la pensée et de la religion dans notre époque filant à vive allure. Ce premier long-métrage assez réussi de la réalisatrice Karin Albou se digère en douceur et surtout, se médite.
Nancy Junion