Le septième opus de Deftones – mais aussi et surtout leur second depuis le tragique accident de Chi Cheng – laisse une impression d’urgence lancinante encore plus prégnante que sur Diamond Eyes, leur retour cathartique acclamé par la critique en 2010.
Avec Koi No Yokan, la bande à Chino démontre avoir encore grandi spirituellement et musicalement tout en ayant su conserver – et même transfigurer – cette hargne sensuelle de leurs débuts, restée depuis leur inimitable marque de fabrique.
Ce nouvel album s’apparente en effet à une ingénieuse soupe primitive amalgamant susurrements et cris charnels, douceur embaumante et éthérée, furie explosive et textures somptueuses qui s’entrechoquent pour finalement s’unir et former un tout cohérent, louvoyant plus que jamais vers le shoegaze.
Extrêmement subtil, contrasté et dynamique, tantôt hypnotique, tantôt saisissant, Koi No Yokan est un véritable rollercoaster musical alternant – et parfois même superposant – passages abrasifs voire féroces et moments d’introspection diaphane beaucoup plus fluides et aériens.
Entre mélodies désarmantes et riffs acérés, couplets cosmiques et émotionnels, refrains puissants et triomphants, Deftones nous offre à voir une sensibilité que leurs précédents albums n’avaient fait qu’annoncer. Moreno n’a jamais aussi bien chanté, interprétant des paroles profondes et cruciales avec des nuances et des intensités parfaitement maîtrisées.
Pour toutes ces raisons, cet énième effort des californiens s’avère être le plus innovant et le plus réussi depuis le cultissime White Pony sorti en l’an 2000.
Laurent Cenatiempo