Tout d’abord, reprenons la fiche du groupe. Formation australienne de rock psychédélique. Sept personnes sur scène, deux batteries, quatorze albums en rotation depuis 2011 dont pas moins de cinq sortis en 2017. Surf music, psyché, prog, garage, microtonal, album concept, musique de film, rien que ça ! « Collectif concentré sur sa tâche » d’après Télérama et « ultra prolifique » selon les Inrocks. Ce samedi 3 mars, le dernier concert de la tournée se déroule à l’aéronef de Lille, dans une ambiance chaude, sexy et psychédélique.
Première partie, Mild High Club. Alex Brettin est seul sur scène mais habitué des collaborations de choix, créatif et inventif. Il a ce côté chaud qui nous rappelle nos premiers amours de vacances, des vrais, pas ceux de Rock Voisine. C’est l’été, le soleil, un remake de la boum en psyché. Ça passe d’un son d’orgue monstrueux à un slow qui permet à chaque célibataire de tenter quelque chose dans cette ambiance d’Hawaï désinvolte. Quelqu’un nous interpelle : « ça me fait penser à François Roubaix, enfin je crois. », et après vérification, ça n’avait rien à voir ! On continue sur l’expérimental en douceur, les corps se dandinent comme des flammes. C’était bien, l’oratoire était bien, l’ambiance était lancée pour la soirée, à voir comment elle allait finir…
Arrivée sur scène de Stu Mackenzie, des King Gizzard & The Lizard Wizard, qui, juste avec sa flûte traversière, chope le public pour le propulser au douzième étage en une seule chanson ! Présentation du groupe sur fond rouge accompagné de Witsplach de Metallica. Mégalo ? Non… Cinématographique ? Sûrement, car tout le concert qui suit est subtilement accompagné de vidéos. Pas d’images psychédéliques stéréotypées comme on pourrait le voir dans un mauvais film qui parle de musique, mais des vidéos et images modernes, parfaitement en osmose avec la dynamique musicale. On peut parler d’une expérience plus que d’un concert, et c’est sûrement l’expression que les personnes présentent dans la fosse utiliseront pour qualifier cette soirée dans les jours qui viennent.
En regardant bien, pas seulement dans la fosse, car même les gradins deviennent chauds, on reprend conscience et réalise que toute la population de l’Aéronef est déchaînée dans ce flow d’influences sur fond de vidéos de crocodiles. La foule exulte malgré peut-être le sentiment que les membres du groupe vivent plus leurs chansons qu’ils ne les partagent. En même temps, on était prévenu (merci Télérama) et l’ensemble n’empêche pas le voyage. C’est complet, c’est efficace et ils nous attrapent du début jusqu’à la fin.
Pas de rappel malgré un public planté devant la scène tel un piquet de grève. Et c’est presque normal, puisque le groupe ne nous propose pas des morceaux qui peuvent se déboîter pour être placés n’importe où, mais un ensemble, une suite. Bref, un concert ayant un point de départ et une arrivée. On attend leur retour avec impatience, et avec leur productions exponentielle, ça ne devrait pas tarder !
Pascal Lazarus