Dour, matin du troisième jour. Ceux qui sont là depuis mercredi ont pris leurs marques. Les autres se laissent porter par les flux qui se créent.
À l’aube, dans la Caverne, résonnent les premières notes de la journée. It It Anita nous envoie une dose de caféine corsée à coup de rock bien musclé. Sur scène, les quatre musiciens, en cercle sur un podium, créent une tension palpable entre voix et instruments. Pauses mélodiques et moments plus noisy s’alternent. Pour finir le concert, une grande partie du groupe s’installe au milieu de ce public matinal. De quoi faire démarrer du bon pied les moins réveillés.
La pluie s’invitant, le rythme ralentit un peu. À la Petite Maison dans la Prairie, Wuman diffuse quelques sonorités tropicales qui devraient réchauffer les coeurs humides. Si quelques moments sont agréablement groovy, l’ensemble reste un peu timide. Une distance s’installe entre eux et nous. Ils nous ont trouvé « gentils d’être là ». Mais euh… ça doit être gentil un public ? Ou ça doit être heureux ?
À l’heure du goûter, Mountain Bike fait danser le Labo avec son rock surfant, qui n’est pas sans rappeler celui des Raveonettes. Une ambiance bien balancée et des looks déjantés ! Toujours au Labo, un peu plus tard, Cocaine Piss marquera les retardataires par la brièveté de son show et les plus ponctuels par l’énergie ravageuse et généreuse d’Aurélie Poppins, qui a choisi de faire corps avec son public. Une performance qui collera un sourire rayonnant aux lèvres des festivaliers présents.
C’est encore au Labo (une scène qu’on apprécie particulièrement chez BeCult) qu’on entre dans l’univers métissé de Témé Tan. Inspiré par les voyages qui rythment sa vie depuis son plus jeune âge, Tanguy Haesevoets partage avec un enthousiasme contagieux son ‘melting pop’ groovy. Cet instant aux tonalités colorées nous permet de réaliser à quel point les ingés light du Labo proposent des éclairages des plus agréables pour nos rétines avides, mais potentiellement fatiguées.
On profite d’une pause pour aller faire un tour hors du site. Quelle mauvaise idée ! Les contrôles ont été vigoureusement renforcés. Portiques de sécurité et fouilles corporelles allongent les files à l’entrée. On arrive donc juste à temps pour profiter du dernier quart d’heure du concert de Pale Grey, qui nous avait fait le plaisir d’une petite session acoustique bien alléchante en salle de presse. Veinards que nous sommes ! Une douce chaleur humaine nous enveloppe dès notre entrée sous la tente. Le public a l’air ravi. Les quatre musiciens alignés en avant-scène nous offrent une indie pop porteuse d’une ambiance légère et accueillante, un peu à l’image de ceux qui la composent.
Directement après, on file vers la Petite Maison dans La Prairie pour apprécier la prestation de Blonde Redhead. Les voix de Kazu Makino et d’Amedeo Pace s’alternent, envoûtantes chacune à leur façon. La musique qui les accompagne confirme l’envie de simplement se laisser porter. Sur scène, les présences sont simples et agréables. Ça chatouille dans le creux du ventre. Ça nous rappelle qu’on ferait bien de les écouter plus souvent.
Ce doux nuage nous transporte paisiblement vers la Caverne où nous attendent les Kills et leur énergie brute. Le public se montre hyper réactif. Alison Mosshart occupe la scène avec une force toute féline et hypnotisante. Les lumières sont parfaitement orchestrées. Un concert magnifique ! En le quittant, on part s’imprégner de l’ambiance de cabaret mise en place par Warhaus au Labo, projet porté par la voix rauque et profonde de Maarten Devoldere. Le travail de rythme et de percussions confirme le décor mis en place avec une scénographie travaillée.
On termine la journée avec Crystal Castles qui fait déborder le public ultra-motivé de la Caverne. Un petit salut à la Red Bull Elektropedia Balzaal – ou l’on ne s’arrête pas – renforce notre sentiment que plusieurs festivals de Dour cohabitent en un même lieu. Il est maintenant l’heure pour nous de filer nous réfugier dans les bras de Morphée. À demain !
Jen H.