Notre premier jour de festival s’est terminé sur la prestation en demi-teinte de M.I.A. La mise en scène avait de quoi nous en mettre plein les yeux : projections multicolores et graphisme un peu ‘bling bling’, fidèles à son univers, ainsi qu’un DJ masqué posté derrière une grille servant de support à ces jeux de lumières et sur laquelle elle n’hésite pas à s’installer, le temps de quelques morceaux plus calmes.
À l’avant-scène, l’artiste et ses danseuses/choristes font le show, mais le son ne suit pas vraiment la mise en scène et la voix de la chanteuse se perd dans l’ensemble. Du coup, l’énergie n’arrive pas jusqu’à nous. Légère déception… qui ne nous détournera pas du chemin menant à nos lits pour une nuit de sommeil réparatrice, histoire d’attaquer avec vigueur la journée suivante.
Jeudi matin, les oiseaux chantent, les soundchecks commencent au loin et le soleil brille. La Petite Maison dans la Prairie sera ouverte par Glass Museum, tandis qu’Animal Youth fera résonner les premières notes de la Caverne, suivis de près par Monolithe Noir qui inaugurera le Labo. Le choix est cornélien ! Nous prenons la route du Labo, mais les envolées orientalisantes de Glass Museum nous happent, le temps d’une respiration. Petit moment de grâce pour commencer la journée.
À notre arrivée au Labo, on est accueillis par Pompon qui ouvre cette scène dédiée aux curieux en introduisant le projet d’Antoine Pasqualini : « l’homme qui domine les machines ». On aura la chance de papoter avec lui un peu plus tard dans la journée. Mais pour les détails de cette rencontre, il faudra attendre notre retour à Bruxelles ( teasing !). Sous ses allures de téléphoniste, aux commandes de son synthétiseur modulaire, Monolithe Noir harmonise les sons qui en émanent jusqu’à obtenir une forme de simplicité touchante, des émotions brutes. Spectral. Organique. Minéral. Derrière cet ‘ingénieux’ du son, des vidéos monochromatiques soulignent ces fausses évidences sonores. Un véritable cabinet de curiosités.
En sortant de cette zone d’expérimentation, une courte balade nous permet de prendre un peu nos marques dans la nouvelle configuration du site du festival. Au loin, Atomic Spliff réveille la Last Arena avec ses sons d’inspirations reggae : « Ce qu’il nous faut c’est un bon beat ». Un bon beat… ou un bon coup de boost !
Direction la Petite Maison dans la Prairie pour recevoir un kick de The Lemon Twigs. Une énergie débordante et généreuse émane de ces jeunes qui n’hésitent pas à se partager les instruments sur scène. Du rock’n’roll aux mélodies qui peuvent rappeler un certain Ziggy Stardust, pour notre plus grand plaisir.
Notre esprit curieux nous emmène à nouveau au Labo où l’on retrouve Agar Agar. Des éclairages aux couleurs pop, des sons électroniques et une voix qui rappellent les ambiances de la transition des 80’s vers les 90’s. Serait-on remontés dans le temps ? Si le duo reste assez calme sur scène, sa musique va crescendo et sait animer le public jusqu’à un final ultra vigoureux. Nous voilà catapultés à la Jupiler Boombox.
Sur scène, un sacré bout de femme nous attend derrière son micro, avec un flow et une présence qui ont de quoi scotcher son public, même avec une scénographie des plus minimalistes. Nous voilà suspendus aux lèvres de Kate Tempest. Elle raconte avec des mots justes. Les musiciens soutiennent son flow. Et puis, parfois, le tout vire au hip-hop bien accrocheur.
Une petite pause caféinée plus tard, notre machine à voyager dans le temps nous transporte jusqu’à la Caverne, pour un voyage psyché dans les années septante, telles que rêvées par le quatuor anglais Temples. Allure et voix de teenagers, androgynie assumée… Tout est fluide, bien rythmé et nous permet de profiter sans accroc de notre séjour. Même si un peu plus d’échange avec le public ne nous aurait pas déplu. Oui, le Belge aime ressentir une connexion s’installer entre l’artiste et son public.
Remplis de ces ondes multicolores, on s’en va discuter d’ambiances monochromes avec Antoine Pasqualini avant de se réfugier à nouveau dans la Caverne. Vous vous souvenez du rock que vous écoutiez au début des années 90 ? Les Strypes vont vous rafraichir la mémoire ! Ces irlandais, dont le look rappelle quelques groupes cultes de l’époque, nous envoient un rock garage agrémenté de rythm’n’blues bien pêchu ! Ils n’hésitent pas à entonner un petit « fa-fa-fa-fa fa-fa-fa fa-fa-fa », ode aux Talking Heads, et à faire faire des bonds maitrisés au public. Oh oui ! Jouons tous ensemble ! Tout sautillants, on se promène sur le site du festival jusqu’à ce que notre curiosité nous incite à découvrir le bar qui propose des cocktails avec une dose d’amour dedans… De quoi nous mettre en jambe pour le live de Vitalic.
Ceux qui le connaissent regretteront un show trop orchestré, laissant peu de place à l’improvisation. Mais la foule est au rendez-vous et se colore devant ce spectacle son et lumière, sous un ciel qui s’obscurcit de minute en minute. La Plaine de la Machine à Feu est remplie de loupiottes et de joyeux danseurs. Les yeux brillent. Les tympans bondissent. Et Vitalic semble tout petit derrière ce grand bureau installé sous ce podium rempli d’installations lumineuses. Sa performance se termine sans concession et le public se disperse en gardant le rythme.
À la Petite Maison dans la Prairie, la joie de vivre diffusée par Todd Terje séduit une partie de la foule. On salue tout ce beau monde de loin avant de regagner nos tentes.
Jen H.