Duo originaire de la région de Liège, Two Kids On Holiday c’est avant tout un batteur, Gil Chevigné, et un chanteur/claviériste, Julian Arlia, mais c’est aussi une indie pop au groove musclé qui souffle un vent de fraîcheur sur le paysage musical belge, faisant danser les feuillages des plus vieux arbres de nos forêts.
Vous êtes tous les deux de Liège, qu’est-ce que ça vous a fait de jouer à la maison (ndlr : au festival Les Ardentes) aujourd’hui?
Gil : Disons que ça nous a permis de gagner en crédibilité. On ne s’est pas dit cool, on joue à la maison mais wow, on joue aux Ardentes! En tant que jeune groupe, c’est une belle opportunité.
Julian : Oui, on a de la chance d’avoir ce genre de scène par ici.
Vous avez joué en France, comment avez-vous vécu cette expérience?
Julian : Sur les deux dates qu’on a faites en France, je trouve qu’il y avait un sacré engouement. Après deux chansons, on sentait déjà que le public était dedans.
Vous décrivez votre musique comme de la pop boréale. Pourquoi une telle appellation?
Julian : D’abord parce qu’on fait de la pop et puis parce que pop boréale, ça sonne bien. Ensuite, s’il y a bien un phénomène qui me passionne dans la vie, ce sont les aurores boréales. Je n’en ai jamais vues mais c’est vraiment quelque chose que je voudrais pouvoir observer un jour.
Gil : Lorsque Julian m’a proposé de faire partie du projet, on avait une image très propre de la musique. On la voyait comme un truc tout public. Puis, quand on a rencontré Red Boy, il nous a dit qu’il trouvait qu’on avait un côté hyper rock derrière mais qu’on avait l’air de vouloir le brider. Du coup, on a bossé avec lui en résidence pour essayer de développer cet aspect plus agressif dans nos compos. Aujourd’hui, on a moins cette image hyper léchée. On a toujours ce côté pop boréale mais ce qu’on fait est beaucoup plus spontané, plus brut.
Vous avez joué et jouez tous les deux dans d’autres projets aux styles musicaux très différents. Pourquoi avoir décidé de créer un duo pop?
Gil : J’aime faire de la musique en général et j’ai toujours aimé expérimenter plein de bazars. Je trouve par exemple qu’en Belgique quand tu fais du métal, tu joues dans des petits endroits où le son n’est pas mis en valeur. Alors que quand tu fais de la musique plus populaire, tu joues dans de bonnes conditions, les gens viennent te regarder avec un autre œil et sont souvent plus ouverts que dans le milieu du hardcore. Et puis la musique pop nous permet aussi d’expérimenter plus de choses avec les claviers, les séquences, etc.
Two Kids On Holiday ça vient d’où? Est-ce que ça a une signification particulière?
Julian : Je me suis toujours dit que si je faisais de la musique et que ça me permettait en même temps de voyager et de faire des concerts, ce serait super. Et c’est ce qui se passe aujourd’hui! C’est un peu comme un rêve d’enfant qui se réalise… On se sent comme deux gosses en vacances.
Gil : On peut aussi faire un lien avec le fait qu’on fait les choses de manière spontanée et sincère, comme le feraient des enfants.
Vous êtes arrivés en finale du Concours Circuit. Est-ce que selon vous les concours jouent un rôle important dans la carrière d’un groupe qui débute?
Julian : Les concours sont en général de super tremplins pour les jeunes artistes comme nous mais je trouve que la musique c’est tellement un truc positif que le fait d’être en compétition avec d’autres groupes me dérange un peu car cela peut parfois créer des tensions qui n’auraient pas lieu en temps normal. Dans le cadre du Concours Circuit, tout s’est bien passé et on n’a pas vécu ce genre d’expérience mais ce sont des choses qui arrivent.
Quels sont vos projets pour la suite? Un premier album en préparation?
Julian : On travaille sur un six titres autoproduit qui sortira en version physique et numérique à la mi-septembre.
Gil : On espère bien sûr sortir un album mais nous ce qu’on aime surtout, c’est partir en tournée et faire des concerts plutôt que de s’enfermer en studio pour faire des albums. Regarde BRNS, ils ont réussi à faire des centaines de concerts avec six titres et c’est ce qu’on voudrait faire aussi.
Qu’est-ce que vous écoutez comme musique en ce moment?
Gil : Moi ce que j’écoute tout le temps, c’est les bandes originales de films. Celle de The Social Network et de Millénium, qui sont réalisées par les mêmes personnes (ndlr : Trent Reznor et Atticus Ross) ou celle d’Inception. Bref, toutes les BO hyper instrumentalisées. J’écoute aussi beaucoup de morceaux issus des vieux films des années 80.
Julian : Moi j’écoute de tout mais, quand j’étais petit, j’étais souvent en voiture avec mon père et il écoutait beaucoup de variété française et italienne. Aujourd’hui, je me rends compte que j’aime ce style de musique. Ça ne me dérangerait pas d’écouter un Richard Cocciante, par exemple. C’est un peu comme la madeleine de Proust pour moi.
Et quels sont les groupes qui vous ont influencés dans votre processus de création musicale?
Gil : Au niveau belge, je dirais BRNS. Je les connaissais un peu humainement mais ça a vraiment été une grosse claque pour nous. A la base, je ne les écoutais pas vraiment mais je me suis rendu compte de l’ampleur que ça avait. J’aime vraiment ce qu’ils font et leur côté spontané.
Avec quel groupe rêveriez-vous de partager l’affiche un jour?
Julian : Animal Collective
Gil : Dans les groupes actuels, je dirais Two Door Cinema Club et sinon, pour le côté humain, si on pouvait jouer avec BRNS, ça m’emballerait.
Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de vous retrouver dans une situation étrange en concert?
Gil : Il y a deux semaines, j’étais en concert avec Thot, un des autres projets dans lequel je fais de la batterie. J’avais installé mon matos au bord de la scène donc j’étais assez proche du public et, au plein milieu du set, un mec qui aurait pu être le sosie de Boy George, a commencé à me caresser la jambe et à me mater comme un dingue. Ce n’était pas évident mais j’ai réussi à ne pas me laisser déstabiliser. Ce qui est marrant, c’est qu’après le concert, je me suis rendu compte que c’était le batteur d’un des groupes qui jouaient après nous dans une des autres salles de l’endroit.
Vous jouez tous les deux dans plusieurs groupes. Comment arrivez-vous à combiner le tout?
Gil : J’arrive à combiner le tout en ne m’investissant pas forcément dans la composition des morceaux et la gestion « pratique » des groupes. Par exemple, dans Thot, c’est Grégoire qui fait tout. Bien sûr, en tant que musicien j’ai mon mot à dire mais c’est lui qui gère et cela me convient très bien. Pourquoi? Parce que j’ai un boulot sur le côté et d’autres projets à gérer et que j’ai aussi besoin de prendre un peu de temps pour moi. Et puis, faire un truc sur lequel on réfléchit pendant des heures sur un couplet, ça m’emmerde. Je préfère qu’on vienne me voir avec de bonnes bases pour que je puisse ensuite y apporter ma touche personnelle.
Est-ce que le fait d’avoir plusieurs projets en même temps ne limite pas les possibilités de vraiment faire décoller votre carrière?
Gil : Je n’imagine pas ma « réussite » dans un seul groupe. L’important c’est que les gens apprécient ce qu’on fait chacun en tant que musicien. Et puis, je ne vois pas le fait d’avoir plusieurs groupes comme un frein mais comme une belle occasion d’expérimenter une multitude de choses différentes.
Les Two Kids On Holiday seront en concert aux Francofolies de Spa le 18 juillet 2013 et aux Fêtes de Wallonie à Namur le 12 septembre.