Ce samedi 1er mars 2014, l’Os à Moelle accueille le troisième volet des Stoemp Rock. Des soirées dédiées au rock et à ses DJ’s. Pour cette édition, Pompon, Butcher Greg et Bob Palmer sont prêts à vous en mettre plein les oreilles lors de battles dont vous serez les seuls maîtres et juges. Nous avons rencontré, dans le plus vieux café de Bruxelles, l’initiatrice du projet, la DJette Eva Braun, et sa dernière recrue, Bob Palmer.
Qui es-tu?
Eva Braun : Clotilde Delcommune, touche à tout… d’où les pseudos. J’en ai plusieurs par rapport à mes activités. Sous le nom d’Eva Braun, je suis DJ et j’organise les Stoemp Rock.
Les Stoemp Rock ont un an, ça fait quoi?
Eva Braun : C’est bizarre quand même que ça aille si vite ! C’est difficile de lancer des nouvelles soirées à Bruxelles, de faire bouger les gens, de faire de la promo, de se demander si on continue ou pas. Ça demande vraiment beaucoup d’énergie. Puis, c’est quasi impossible de pouvoir payer les gens… C’est aussi un tremplin pour les DJ’s rock qui n’ont pas souvent l’occasion de montrer ce qu’ils font et ça c’est chouette!
La formule a subi quelques modifications en un an, peux-tu nous expliquer le principe de ces soirées?
Eva Braun : Le principe général reste le même. C’est un système de battles avec une série de thèmes. Le public vote pendant la soirée pour déterminer quel sera le thème de chaque face à face. ça dépend donc aussi du nombre de DJ’s. Là, on en a trois. Bob Palmer – ici présent – Psyko Pat (qui a dû annuler et sera remplacé par Butcher Greg) et Pompon. Après, les changements portent plutôt sur le fait qu’il y ait un présentateur ou pas et qu’il y ait maintenant un gagnant… Les trophées, de merveilleux Stoemp d’Or, d’Argent ou de Bronze sont fabriqués par les petites mains de Fougère Lopez. En fait, je tiens vachement compte des feedbacks du public donc j’essaie de m’adapter et d’organiser ça de manière pratique.
Le lieu, lui, n’a pas changé. Pourquoi l’Os à Moelle?
Eva Braun : L’Os à Moelle est un endroit que j’aime bien. Déjà, c’est beau. On peut y rester jusqu’à six heures du matin sans avoir de problèmes, même plus tard… Il faut juste se méfier des scouts dans la cour le dimanche quand on reste trop longtemps! L’équipe de l’Os est super pro, ils sont drôles, hyper rock’n’roll, donc je sais que ça se passera bien. Ils ont un super ingé son, ce qui n’est pas le cas partout et c’est aussi un endroit dont on parle de plus en plus dans le milieu rock et qui commence vraiment proposer une belle programmation.
Derrière Eva Braun, il y a donc une femme à pseudonymes. Comment les choisis-tu, quelles relations entretiens-tu avec eux?
Eva Braun : Je choisis mes pseudonymes grâce à mon merveilleux mauvais goût. S’il y a moyen que ça choque les gens, c’est bien! Au départ, Eva Braun est un pseudo que j’avais sur le site parano.be. En fait, c’est grâce à parano que j’ai commencé à être DJ et comme il y avait nos pseudo sur les affiches, c’est resté. Eva Braun, ça claque, on s’en souvient, il y a un côté assez sexy aussi. Cette gonzesse se foutait à poil et se faisait tirer les bretelles (qu’elle n’avait pas, forcément, puisqu’elle était à poil) par Hitler qui voulait qu’elle arrête de prendre ses bains de soleil nue. Puis, c’est un hommage aux punks qui étaient dans la provoc par rapport à tout ça, avec cette bonne vieille idée de Didier Super derrière : « Il vaut mieux en rire que de s’en foutre ».
Et le DJing, c’est venu comment, alors?
Eva Braun : Du plus loin que je me souvienne, je faisais des mixtapes. Dès que j’avais un amoureux, je lui envoyais une mixtape, des cassettes que je faisais sur ma petite chaîne Hi-Fi. Et puis j’ai fait de la radio en candi à Namur… je suis tellement vieille que c’était encore l’époque candidatures! J’ai fait partie du kot à projet RUN qui s’occupait de la radio universitaire. J’avais des émissions, et là, j’ai vraiment appris à faire de la programmation. J’ai commencé organiser des soirées chez des potes. On me disait : « Clotilde, tu aimes la musique, mets-nous-en! ». ça m’a plu et, de fil en aiguille, on m’a proposé des collaborations. Beaucoup sur parano et puis j’ai continué avec le Festival du Court Métrage, etc. Après un moment, je me suis dit : « Je peux essayer de passer professionnelle ». Bien qu’en Belgique, avec la merveilleuse condition des artistes – et encore plus pour les DJ’s – c’est bizarre de dire « professionnel ».
Un DJ rock, est-ce que c’est pas juste quelqu’un qui passe des bons morceaux l’un après l’autre ?
Eva Braun : C’est comme ça qu’ont commencé les premiers DJ rock! Pour être exacte, je suis « selecta », pas « DJ ». C’est un choix de ma part, ça va peut-être changer, mais j’estime que ce que je passe est vraiment bien produit et, du coup, qui suis-je pour penser que ce sera mieux avec un peu plus de basse, un peu plus de machin et tout? Un DJ, c’est un créateur. Je me dis que peut-être un jour, je m’y essaierai aussi. Après, le but du jeu, c’est principalement de faire des choses avec le public. Si je dis « faire des choses », ce n’est pas tout à fait innocent car, pour moi, il y a un côté assez sexuel dans le truc, tu leur donnes ce dont ils ont envie, tu les teases un peu… Je ne suis heureuse que quand les gens rigolent et ont envie de baiser! Et de faire la révolution, aussi… Si possible, les trois en même temps! Puis il y a un côté découverte qui est important.
Parle-nous un peu de ta relation avec tes « poulains » comme tu les appelles…
Eva Braun : Ça a commencé avec Fab des Progerians et Pompon — qui est vraiment mon père spirituel au point de vue du rock — qui sont des gens avec qui je bosse aussi pour les soirées Rock à l’Os (qui remplacent les soirées Rock à Gogo à l’Os à Moelle). Puis après, forcément, j’ai envie de faire plaisir aux potes. En plus, comme je ne peux pas payer les gens, c’est plus facile quand c’est des copains. J’espère qu’à long terme, j’y arriverai hein! D’un côté, j’ai des gens comme Laurent Godichaux, aka Fripouille, à qui ce genre de soirées permet d’expérimenter (parfois pour la première fois) tranquillement… Et c’est chouette, ça fait plaisir à voir! Ou alors, le cas de gens comme Bob qui ont déjà mixé et qui font leur comeback. J’essaie aussi de créer un affiche avec des artistes qui proposent une facette différente du rock, des gens qui amènent de nouveaux types de public.
Bob Palmer, pourquoi avoir choisi l’Os à Moelle et les soirées Stoemp Rock pour faire ton comeback?
Bob Palmer : Je n’ai pas choisi l’Os à Moelle, j’ai choisi les Stoemp Rock. ça coulait de source que s’il fallait à un moment recommencer quelque part, c’était là!
Et toi, parle-nous de ton parcours de DJ
Bob Palmer : Il est un peu semblable : mettre de la musique pour les potes. Si on revient vraiment aux débuts, ça a commencé dans la cave de mes grands-parents où mes oncles et tantes avaient fait une espèce de mini boîte de nuit avec bar et compagnie. C’était l’endroit rêvé pour faire des fêtes avec des potes et donc, il fallait passer de la musique. De fil en aiguille, ça s’est transformé en soirées de plus en plus grosses. C’était l’époque où on amenait le matériel dans un vieux hall omnisport, on invitait mille personnes et on faisait la fête. Puis j’ai fait d’autres choses, j’ai voyagé, fait des études… Mais c’est une grande partie de ma vie!
Plutôt Laura ou Amanda?
Bob Palmer : Plutôt Laura ou Amanda? Amanda, je viens de la découvrir!
Eva Braun : On essaie de l’éloigner de Laura Palmer. Je ne veux pas spoiler, mais c’est relativement dangereux!
Tu peux nous donner un petit indice sur ta botte secrète pour gagner samedi?
Bob Palmer : On ne donne pas d’indices sur une botte secrète, hein !
BeCult : Ben si!
Bob Palmer : Ben non!
BeCult : Allez! Allez!
Bob Palmer : C’est quelque chose qui va être mondialement lu, par mes adversaires et tout…
T’as des projets pour les éditions à venir, des idées?
Eva Braun : Sam — Samuel Bernard, le patron de l’Os à Moelle — m’a dit qu’il voulait continuer l’année prochaine donc on va s’organiser, avec une copine, pour créer des décors, on sera encore plus en immersion. Mais si les Stoemp Rock commencent à bien prendre, je voudrais les délocaliser pour pouvoir payer mes poulains parce que c’est vraiment quelque chose qui me dérange.
Tu sais déjà où?
Eva Braun : Je ne sais pas encore où. Je me disais qu’il pourrait être intéressant de faire ça en itinérance. Ça pourrait aider des gens qui ont des lieux et ça pourrait être marrant de bouger tout le temps. Après, voilà, j’adore l’Os, j’adore Sam, c’est quand même le seul endroit où le patron montre sa bite avant que je ne montre mes seins!
Ça se passe comment une clôture de Stoemp Rock?
Eva Braun : Je pense que personne ne s’en souvient!
C’est quoi l’instant le plus mémorable?
Eva Braun : Je crois que c’était ton set en fait! C’est le premier truc qui me revient… Donc, amis lecteurs et lectrices, Roxane ici présente a fait ses premiers pas de DJ sous le nom de Lady Shave aux Stoemp Rock. Elle stressait énormément et voulait juste passer la playlist qu’elle avait préparée. Je lui ai dit : « Essaye d’improviser, tu vas beaucoup plus t’amuser ». Et quand elle est montée sur scène, il y a un truc qui s’est passé, ça a explosé de partout! Elle m’a piqué la seule pauvre heure de set que j’avais en venant faire une battle impromptue avec moi! C’était vraiment un plaisir et tout le monde — enfin, en tous cas tout ceux qui m’en ont parlé — m’en a dit le plus grand bien. C’est là qu’on sent vraiment qu’on a bien fait de prendre le pari, de miser sur cette personne et c’est vraiment super agréable!
Et l’instant le plus romantique ?
Eva Braun : Je passe relativement souvent Ce soir, tu vas prendre. Difficile d’être plus romantique que ça…
Et le morceau que tu rêves de passer mais dont tu te dis qu’il fera un bide?
Eva Braun : J’ai notamment le souvenir d’une soirée pendant laquelle deux cents personnes ont valsé sur La Bite à Dudule! Là, tu te dis : « Mais ils sont aussi barrés que moi, c’est trop bien! ».
Quelles sont les conditions idéales pour mixer selon toi?
Eva Braun : Il faut absolument que je sois assez éloignée du public pour ne pas risquer d’avoir de la bière sur mon ordi, que je fasse des soundchecks avant et que je sois avec des gens à qui je fais confiance.