Hungry Hearts retrace l’histoire d’un jeune couple bouleversé par l’arrivée de son premier enfant. Ce film, porté par d’excellents acteurs, bascule progressivement de la romance au drame. Une plongée dans le côté sombre de la figure maternelle à voir en salles depuis le 15 avril.
New-York, Jude est nord-américain, Mina italienne. Ils se rencontrent, se plaisent et s’aiment. Mina découvre qu’elle est enceinte et ils décident de se marier. Ce couple sent l’amour, la passion, la liberté. On se dit cependant que c’est trop beau, que la belle histoire va trop vite.
Et en effet le vent tourne. En cours de grossesse, Mina a le sentiment que son enfant est spécial et qu’elle doit le protéger du monde extérieur. Elle commence alors à se détourner de la médecine traditionnelle, et notamment du recours à l’échographie, pour rapidement se radicaliser et refuser d’ingérer certains aliments de peur que l’enfant ne soit contaminé. Jude, fou amoureux, soutient son épouse.
Arrive la naissance, moment de paix qui sera cependant de courte durée. Mina se replie de plus en plus sur elle-même. De son côté, Jude se rend compte que son fils ne grandit pas, car il est sous-alimenté. Il sera contraint de faire un choix…
Le spectateur se laisse au début bercer par un face à face amoureux mais retombe rapidement sur terre, confronté à la transformation de cette romance en huis-clos anxiogène porté par un magnifique couple d’acteurs (Adam River et Alba Rohrwacher). Un duo qui, par son interprétation extrêmement fine, passe de l’amour fou à l’incompréhension mutuelle.
Ce film suscite toute une série de questionnements (la toute puissance de celle qui donne la vie, la place de l’homme qui passe du statut d’amant à celui de père, la frontière entre ce qu’on pense être le meilleur pour son enfant et ce qui risque de lui être néfaste) et met extrêmement mal à l’aise car il fait prendre conscience que l’amour maternel peut nuire.
Ce climat d’angoisse est d’autant plus entretenu par la mise en scène léchée de Saverio Costanzo qui n’hésite pas à recourir à plusieurs plans serrés, caméra à l’épaule, accroissant le sentiment d’oppression. A voir!