Je veux le droit à la vie, du léopard au printemps, de la graine qui éclôt. Je veux le droit du premier homme. », c’est sur cette citation du poète turc Nazim Hikmet que s’ouvre le documentaire bouleversant du désormais incontournable réalisateur Ai Weiwei.
Connu pour ses diverses démarches artistiques révolutionnaires, l’artiste chinois nous emmène cette fois dans Human Flow, une véritable marée humanitaire et poignante.Ce documentaire met en lumière la période de crise migratoire qui parcourt actuellement le monde. Ainsi sont éclairés la majorité des conflits géo-politiques du Moyen-Orient en passant par l’Afrique, l’Asie et le Mexique. Agrémenté d’extraits de presse, ce véritable tour du globe synthétise parfaitement la crise actuelle.
Ai Weiwei décortique l’actualité dramatique qui écrase ces pays et qui, de fait, pousse les êtres humains à migrer vers les états limitrophes aux leurs et l’Europe. C’est précisément sur leurs conditions de vie et de voyage que le réalisateur a choisi de s’attarder. La dimension humaine est donc évidemment très présente.
Le réalisateur apparaît lui-même à l’écran, affublé de son smartphone, filmant chaque instant de son périple en se mélangeant aux individus. C’est ainsi, au travers de rencontres, que l’on assiste à des récits poignants et des parcours dramatiques d’une intimité rare. Ces moments sont d’autant plus forts qu’ils sont soulignés par des citations poétiques, de longs plan-séquences et des musiques discrètes mais adéquates.
Le film est également parsemé d’images visuellement très impressionnantes qui touchent à l’aspect plus général de la crise : guerres, incendies, famines… Cependant, le réalisateur réussit d’un coup de maître à ne pas rendre ces extraits trop indigestes : les images sont fortes mais pas insoutenables. Le documentaire étant relativement long et dense, ajouter des passages trop oppressants eut été mal venu.
En bref, Human Flow est absolument complet, émouvant et mené avec intelligence. Il semble essentiel qu’un travail de cette envergure soit mis à l’écran afin d’instruire, d’éveiller les consciences et la compréhension de tous. Impossible de rester insensible à ce film touchant faisant appel à ce que les êtres humains ont en commun : leur humanité.
Ariane Peltier
Première, en présence d’Ai Weiwei, le mercredi 10 janvier 2018, à 19h30, à BOZAR.