Nouveau Dunk!, nouveau carnet de poche Moleskine. 14h20, après un premier café en terrasse au Vooruit, on fait scanner notre sésame et se fait remettre notre saint bracelet par Madame Lievens en personne. Une femme qui a tendance à rester dans l’ombre, mais qui est indispensable, car c’est elle qui soutient sa tribu toute l’année. On lui doit une fière chandelle !
On descend notre toute (toute) première volée de marches vers la bien nommée Concertzaal. Et on peut dire que le Dunk! commence en force avec les Mexicains de Vyctoria. Du lourd, du mélodique et du noisy, pour résumer la déferlante de sons qui s’abat sur nous. Fans de Mono, Godflesh, mais aussi de Rammstein ou de The Cure, ce groupe est fait pour vous. Quarante minutes de set pour trois morceaux : Ascenso Descenso, Djinn et Abrahel.
Après cette première salve bien bouillonnante, on hésite entre Himshe à la Domzaal (tout en haut) et Sunset Images à la Balzaal (au milieu). On opte finalement pour un entre-deux, un compromis à la belge : trois ou quatre morceaux d’Himshe puis direction Sunset Images. En ce premier jour de festival, nos jambes sont encore assez fraîches.
15h25, on se pose deux minutes sur un des anciens dispositifs sportifs à l’entrée de la Domzaal pour reprendre notre souffle. Oui, c’est une victoire d’être arrivé·e·s jusqu’ici ! C’est là qu’on discute brièvement avec un couple de Lyon. Iels ont développé une véritable stratégie autour de la programmation : fluo vert, à voir absolument ; jaune, peut-être ; et rose, à découvrir (pas eu le temps d’écouter). Sont-iels arrivé·e·s à voir tout ce qu’iels voulaient ? Seules leurs jambes pourront le dire.
La Domzaal, cette ancienne salle de sport aujourd’hui salle de théâtre, est idéale pour Himshe. On passe du jour à la nuit en quelques pas. Le set s’ouvre sur des notes énigmatiques, et les deux chanteuses à l’élégance hors pair ont vite fait d’emmener le public dans des vagues de mystère et de délices, telles des sirènes.
Le compteur tourne, quatre morceaux ont été joués, et c’est à contre-cœur qu’on quitte Himshe pour découvrir Sunset Images. Mais on ne sera pas déçu·e·s ! Avec un rythme effréné, des sonorités à la Soft Moon sous acide, voire un Prodigy bien fiévreux, on s’en prend plein la face. On se met à fantasmer : Que mangent-ils ? Que boivent-ils ? De quoi rêvent-ils pour produire des sons et des rythmiques pareils ? Les Mexicains sont en grande forme. Sur leur Bandcamp on peut lire : « Un mélange musical qui vous fera voyager de l’autre côté de votre esprit. » Et on est bien d’accord ! Ce concert marque nos retrouvailles avec une de nos amies Dunkiennes originaires de Cologne. La suite de festival se passera à deux, puis à trois.
La tête déjà pleine de superbes souvenirs, on descend voir Indignu à la Concertzaal. Le quatuor emmène le public dans sa propre poésie, avec ce violon fluide. Mais au bout de deux morceaux, l’appel de la caféine se fait sentir… Si on veut tenir le coup, il faut apprendre à écouter son corps et faire des sacrifices sur l’autel de la musique. En montant vers le Vooruit Café, on passe devant le stand merch des Mexicains de Vyctoria et les remercie chaleureusement pour cette introduction sans faille. On trippe en découvrant leur table : des bonbons et des bocaux miniatures de piments séchés se mêlent aux vinyles et cassettes. Remarquant notre attrait pour cette déco atypique, ils nous proposent d’emporter un de leur petits pots avec nous. Muchas gracias, chicos!
Après cette petite pause bien méritée, direction (Honoré de) Balzaal pour les Péruviens de Kinder. À la base, ce sont deux amis guitaristes qui se sont réunis pour expérimenter dès 2004, sortir un premier album éponyme en 2010, et qui ont vite été rejoints par un troisième guitariste, un bassiste et un batteur. Un set pétillant, optimiste, à l’image de la musique que Kinder produit : des morceaux efficaces et assez courts pour le genre, mais ça fait du bien aussi. Notons les sautillements enthousiastes du guitariste à droite de la scène. Un vrai régal.
18h25. Monter et descendre des marches, se prendre plein de sons et de beats dans le corps et la tête, ça creuse. On procède à un nouveau sacrifice sur l’autel de la musique et se fait plaisir avec un curry vert veggie non loin du Vooruit. Même si on ne s’éternise pas, on rate une bonne partie du set des fabuleux Am Fost La Munte Si Mi-a Placut à la Balzaal. On arrive 15 minutes avant la fin et on reste carrément sur notre faim. Si seulement on pouvait se nourrir de notes !
En route vers la Concertzaal pour Godflesh, on croise le manager de Kinder en compagnie des De Osos, qui clôture le fest samedi à la Domzaal. On repart, un peu gêné·e·s, avec un pin’s offert par le groupe. Générosité. C’est un mot qui va si bien au Dunk!festival. Il est dans l’esprit de tous et toutes ici : on donne tout ce qu’on a de sons, d’amour, de disques et de t-shirts. Enfin, on donne, mais on achète beaucoup aussi. Les cartes bancaires grillent et les porte-monnaie tremblent pendant trois jours.
Après ce petit interlude convivial, on rejoint nos amies allemandes pour voir ce que Godflesh a à donner. Le rouleau compresseur de la soirée, c’est eux ! On déguste cette chair divine accompagnée de visuels mystiques, dont des gros plans de l’Enfer du triptyque du Jardin des Délices de Jérôme Bosch.
Après cette dose de gros sons et de saturation, direction la Balzaal pour TAKH. On est curieux·euses de découvrir en live les nouvelles expériences sonores d’anciens membres de feu The Black Heart Rebellion. Et puis, c’est peut-être une nouvelle marque de fabrique au plat pays, mais TAKH est aussi emmené par une batteuse-chanteuse. Et comme notre cœur bat la chamade devant Stefanie Mannaerts (Brutus), on est avides de voir des nouvelles têtes chantantes et battantes. Même si Annelies Van Dinter paraît bien trop éloignée de nous, la multi-instrumentiste nous envoûte en deux temps trois mouvements. Un set impeccable, incroyable de sincérité, avec cette combinaison symbiotique de voix tantôt déchirées, tantôt rocailleuses, tantôt plus posées. Notons que TAKH sort un nouveau disque ce 26 mai.
C’est l’esprit apaisé qu’on ressort de la Balzaal pour le dernier concert de cette première superbe journée : God Is An Astronaut, avec la participation de la violoncelliste Jo Quail. Un enthousiasme grandissant à chaque morceau, des accords ensorcelants de violoncelle, iels ont une sacrée pêche ce soir. Le public est conquis et ravi. Et nous, on rentre de cette première journée la tête dans les étoiles…
Ce qu’on retient de la journée
- Des sons et ambiances musicales différents et complémentaires
- Des festivaliers et festivalières (de plus en plus de femmes) avides d’être là
- Il y a ceux et celles qui reviennent pour la dixième fois (quand on aime, on ne compte pas) et de nombreuses nouvelles têtes
- Affranchi·e·s, iels osent enfin investir les chaises et bancs du Vooruit Café et de sa terrasse
- Une équipe du Dunk! plus soudée que jamais
- Le plaisir de se retrouver pour une superbe première journée
- Un choix un peu étrange au niveau du placement des tables merch. Il y a encore un peu de réflexion nécessaire de ce côté-là…
Les setlists
- Himshe : Stay, Ideals, Sabrina (Einstürzende Neubauten cover), Linger, Cold, Spiderweb et Bedtime
- Sunset Images : Monumento, 1969, Merudo, Death, Nueva 1 aka Tommy Cun, Prohibicion et Punks
- Kinder : Incendios, Dream Master, Tomorrow I’ll Radiate, Winnie Looper, El exilio de Godomar, 27/19, Migraciones, La caída de los once, Las Colinas et Desastres Naturales para niños
- Am Fost La Munte Si Mi-a Placut : Ne Cerem Scuze Pentru Disconfortul Creat, Kilometri Reali, Nu Mai Comandăm De La Astia, Decât Să-mi Pui Zacuscă, Mai Bine Îmi Ții Pumnii, Primul Metrou De Dimineață, Nu Faci Dumneata Ordine La Mine În Birou et un titre exclusif pas encore sorti
- Godlfesh : Nero, Ringer, Shut Me Down, Post Self, Dead Head, Streetcleaner, Veins, Weak Flesh, Like Rats, Spite, Crush, My Soul et Slateman
- TAKH : Salomonne, Unabashed And Knowing, Drôme, Untilted (nouvelle chanson), Azure Blue et Hair Of A Horsetail
- God Is An Astronaut : Spectres, Adrift, Seance Room, In Flux, Far From Refuge, Fragile, Echoes, All Is Violent, All Is Bright, Suicide By Star, Frozen Twilight, Burial et From Dust To The Beyond