Jour 3. 13h55. On arrive in extremis pour les deux derniers morceaux de Cranial, qui ouvre cette dernière journée au Dunk!festival. Les Allemands nous envoient un uppercut de riffs bien lourds en pleine figure. Cranial qui, pour la petite histoire, sera le tout premier concert de la nouvelle génération Lievens (Ndlr : le duo organisateur du festival). La passion se transmettra-t-elle de père en fils, comme pour Luc et Wout ? Seul l’avenir nous le dira. Mais ça semble bien parti !
Le concert se termine. Direction la terrasse à l’arrière de la Concertzaal pour gober un sandwich acheté en route. Nos voisins de banc viennent de Lettonie et sont ravis d’être là. Ça fait plaisir à entendre ! Notre mission lunch accomplie, on monte voir Outlander à la Balzaal, mais finit par s’assoir sur des marches à deux pas de là, avec Outlander en fond sonore, car on commence à les sentir toutes ces marches… Avec nos voisins de fortune, on se demande où est la chill zone.
Cette petite pause bénéfique nous permet d’apprécier à sa juste valeur la première claque de la journée : Coldbones. Ce trio anglais étonne par sa scénographie bien typée. Au-delà de son excellent post-rock, le concept est poussé jusqu’aux coutures de leurs salopettes assorties. Ils nous offrent la quasi entièreté de leur dernier né, The Cataclysm. Sur la pochette de la plaque, aperçue au stand merch, on découvre que chaque titre est représenté par un dessin. Et ces
dessins sont également présents, sous forme de patches, sur les salopettes des musiciens. Le disque à proprement parlé est traversé par un éclair rouge-orangé. Ils nous expliquent qu’ils ont été inspirés par toutes les histoires et croyances qui existent autour du ciel rouge, notamment la peur qu’il soit annonciateur de la fin du monde. Wow. Impressionnant. Comme leur concert !
L’après-midi se poursuit à la Concertzaal avec la performance digne de ce nom de I Hear Sirens. Fans de Mono, ce groupe est fait pour vous ! Des ambiances rêveuses, un peu de saturation et une basse aux lignes bien ciselées emplissent de joie le public. La tête non loin des nuages, on sort de cette expérience délicieusement ouatée pour se diriger vers la Theaterzaal, où le compositeur-pianiste ukrainien Lubomyr Melnyk se produit. Il nous touche, ce concert, plein d’émotions, et entre chaque titre, de paroles pleines de sagesse. On veut y croire : oui, il y a du bon en chacun·e de nous, et un jour la paix reviendra. Il termine son triptyque musical par Lovesong of Bonnie & Clyde. Manger ou aller voir A Long Distance Calling ? L’estomac crie famine. C’est parti pour le bolo végé du Vooruit Café (Pa-ë-lla, où es-tu, où es-tu ?). La soirée commence, et avec elle, la montée et la descente des marches. Direction la Domzaal, salle obscure. Skemer, duo post-EBM emmené par Kim Peers et Mathieu Vandekerckhove, s’y produit. Un loop doom, du synthé, une guitare et une voix qui fait un peu penser à feu Vive la Fête. Le duo s’en sort bien. Mais l’envie d’être bien placé·e·s pour Year Of No Light (YONL) gagne du terrain. On part un peu avant la fin.
Au niveau de la Balzaal, l’ascenseur ouvre ses portes à notre passage, comme par miracle. On s’y engouffre en même temps qu’un petit groupe de festivaliers bien sympathiques. Iels viennent de Roumanie. C’est leur premier Dunk! et iels sont totalement in love. Il leur est impossible de répondre à la traditionnelle question du top 3 tant iels ont adoré plein de concerts. YONL est sur le point de commencer. Le moment tant attendu est enfin arrivé. Avec la puissance et la profondeur qui caractérisent leur musique, ils donnent tout au public. Les titres se succèdent : Hiérophante, Objurgation, Alètheia, Interdit aux Vivants, aux Morts et aux Chiens et le magnifique Stella Rectrix. Une prestation intense, courte aussi, festival oblige (on aurait dégusté quelques titres de plus avec plaisir). Le sourire aux lèvres, on sort prendre l’air à l’arrière de la Concertzaal et retombe sur nos amis roumains. Iels nous apprennent que l’an prochain iels comptent rameuter tou·te·s leurs ami·e·s. On se motive à monter une toute dernière fois (toute dernière fois) les marches jusqu’au 7e ciel (Domzaal). Eleanora a décidé de passer les festivalier·ière·s à la moulinette. Les chevaux de l’Apocalypse ne sont pas loin.
23h. On descend une ultime fois les marches jusqu’à la Concertzaal. Une folle envie de caféine se manifeste. Petite pause en terrasse au Vooruit. 23h25, l’heure du déluge a sonné. L’honneur de clôturer le festival revient cette année à Pelican, à qui on attribue volontiers le titre de rouleau compresseur de la journée. Si on était du tarmac, Pelican serait l’avion en approche d’atterrissage. Un set de fin qui clôture le festival en force.
Si les organisateurs du Dunk!festival ont décidé de changer de lieu, c’est qu’ils ont leurs raisons. Oui, la prairie nous a manqué ; les espaces chill, l’ambiance, les Dunk!friends, la bonne bouffe et le café aussi. Puis les DJ sets des Legendary Dunk! Fries, bien sûr. Et enfin, même surtout, la fabuleuse scène de la forêt. Mais il revient aussi au public de s’approprier les lieux et à l’équipe du Dunk! de nous ramener un peu de passé… Des instal’ en palette et leurs petits coussins pour chiller, du café offert, de la bonne bouffe – et surtout de la bouffe vegan – (Prenez les commandes de la cuisine du Vooruit Café l’an prochain), des loupiottes, et pourquoi pas, une forêt de plantes vertes pour nous rappeler l’atmosphère idyllique de Zottegem. Cela ne remplacera pas l’endroit, mais permettra peut-être au public de s’approprier plus facilement ce nouveau lieu.
On le sait, la superbe équipe du Dunk! (qui compte 90 bénévoles, mille mercis à eux et elles) est attentive et à l’écoute. Sans quoi, ce festival ne serait pas devenu ce qu’il est. Chers organisateurs du Dunk!, vous savez maintenant ce qu’on pense de cette édition. À l’année prochaine pour des nouvelles aventures !
Nancy Junion