La journée du jeudi commence à la Cannibal Stage avec le groupe bruxellois My Diligence. Malgré l’heure (13h30), les festivaliers sont déjà présents en nombre sur la Plaine de la Machine à Feu. Il faut dire qu’avec la chaleur qu’il fait, les grasses matinées sous tente semblent compromises.
Beaucoup de changements cette année à Dour : un nouvel espace (Le Labo), une nouvelle configuration (La Petite Maison dans la Prairie ne se situant, par exemple, plus près de l’entrée mais bien à l’autre bout du site, derrière Le Labo)… on s’y perd un peu.
Après un bref coup d’oeil sur le programme du jour (et sur le plan), direction la Dance Hall où Songhoy Blues a pris ses quartiers. Originaires du Mali, les quatre musiciens figurent sur la compilation Maison des Jeunes, dernier album collégial de Damon Albarn et de son collectif Africa Express. C’est en exil à Bamako, pendant que les djihadistes étouffaient le Nord du pays, que la formation est née. Sorti en février dernier, son premier album (Music in Exile) combine rythmes africains et blues, sur fond d’histoire dramatique. A peine l’entrée du chapiteau franchie, l’énergie fédératrice du groupe nous transporte. Ses compositions sont taillées pour la fête et le plancher craque sous les pas de danse esquissés par de nombreux festivaliers souriants, heureux de savourer la musique ensoleillée des quatre comparses.
On reste dans le thème sous la Boombox où Raury et son chapeau de paille font danser le public. Séduit par la version studio de son très prometteur premier album, Indigo Child, on est pourtant moins convaincu par sa prestation live, du moins pendant les 20 premières minutes. On se laissera finalement quelques instants porter par l’ambiance montant crescendo jusqu’aux derniers chuchotements de God’s Whisper.
On fait un tour du côté de la Petite Maison dans la Prairie pour assister au concert des Écossais de Young Fathers. Mêlant de nombreux courants musicaux, leur compositions modernes et inclassables, se situent aux confins du hip-hop, de la synth-pop et de la musique africaine. Charismatique, le trio fait exploser les barrières stylistiques et enchante la foule.
C’est parti pour Omar Souleyman dont le nouvel album Badheni Nami sortira dans quelques jours. A la production de ce dernier opus, on retrouve de grands noms occidentaux tels que Four Tet et Modeselektor. Si les instrus sont dansantes et bien construites, on regrette un peu les longs moments de silence de l’artiste syrien qui passera plus de temps à frapper dans les mains que de réellement chanter. Souleyman est encore en train de jouer lorsqu’on se dirige vers la Cannibal Stage pour assister au live des gars de A Place To Bury Strangers qui se déchaînent sur scène, jusqu’à lancer leur guitare et leur basse en l’air… Basse qui retombera malheureusement sur l’appareil de notre courageuse photographe Mara, postée en frontstage pour capter l’émotion et lui donner corps sur pellicule. La photographie de concert n’est pas sans risques, sachez-le !
Petit pause à l’ombre, dans l’espace réservé à la presse et aux professionnels. On écoute d’une oreille l’interview de K.R. et L’Enfant Pavé, deux membres de Starflam, avec qui l’on fait ensuite connaissance. On se rend donc naturellement voir ce qu’ils ont dans le ventre lorsque leur tour vient de prendre place sur scène. Et on peut dire que ces légendes du rap belge n’ont pas perdu de leur verve acérée. Comme ils le disent eux-mêmes dans leur nouveau titre A l’ancienne, leur message est resté indemne. « Starflam de Liège ! », scandent les fans lorsque le crew quitte les planches de la Boombox.
On prend le temps de siroter quelques bières à l’extérieur de la Petite Maison dans la Prairie pendant que la fête bat son plein dans le chapiteau. Puis, on décide de prendre le chemin de retour direction le camping pour une bonne nuit de sommeil bien méritée, tout en établissant le planning du lendemain qui nous émoustille d’avance.