Ce lundi 27 novembre, c’est soirée noise au Magasin 4. Quoi de mieux pour se remettre de ce temps pourri ? 20h03, les premières notes détonnent sur scène. Les jeunes Gantois de Crowd Of Chairs mènent la première danse et sont sur le point de démonter la scène à coups de riffs rageurs et de chants fiévreux.
Triple Fuck
Crowd Of Chairs vient tout juste de sortir Fuck Fuck Fuck sur Live Fast Die Young, un collectif gantois qui a entre autres pris sous ses ailes 30.000 Monkies et Youff. Et ce soir, c’est un concentré de cette nouvelle plaque qu’on prend en pleine face. Ils débutent par les énervés We Didn’t Think This Through et Crowds Suck Me Dry, histoire de montrer qu’ils ont les tripes solides. Les spectateurs sont ravis, bougent leurs têtes en rythme avec la batterie galopante, et ces notes dignes d’une chevauchée sauvage au milieu d’un no man’s land rempli d’embuches. On tremble de plaisir sur la basse hypnotique de Paperguts, on frissonne face à l’ambiance angoissante qui émane du chant, comme au beau milieu d’un slasher movie. Le couteau tranchant continue sa poursuite, avec les doigts dégoulinants sur le manche de guitare pendant Master Of My Split Persona, et le public tressaille. Sur le morceau d’ouverture de Fuck Fuck Fuck, For, on ne peut s’empêcher de penser à Bull In The Heather et Tokyo Eye de Sonic Youth… Ils terminent en force avec Ibogaine, le théâtral Saran Plastic, avant de nous envoyer une dernière claque avec le très excité Tunnel Vision. Noise, post-hardcore, no wave… Un condensé de tous ces genres qui ont donné naissance à ce « trio inferno » ; avec ses sons et paroles au bout de l’angoisse, ses nerfs à fleur de peau et cette ambiance totalement insane. Triple fuck!
Triple Die
On se remet à peine de la déferlante offerte par Crowd Of Chairs que les Néo-Zélandais à la discographie prolifique de Die! Die! Die! montent sur scène, prêts à débaucher la petite septantaine de courageux venus braver le froid et le crachin persistant de cette sombre nuit de novembre. Cette soirée est décidément teintée de slasher movie, avec le guitariste/chanteur qui porte un t-shirt « Horror Is My Friend » et le bassiste qui arbore un pull rappelant vaguement un certain Freddy Kruger… Ils débutent par People Talk (Promises Promises – 2008), titre au milieu duquel le chanteur saute de scène, suivi par un autre morceau de Promises Promises, intitulé Blinding. Telles des piles électriques chargées à bloc, ils enchaînent avec How Ye (Form – 2010) et un nouveau morceau, Sinister, fraîchement sorti du dernier album Charm. Offensive. Ils continuent à vive allure avec A.T.T.I.T.U.D., et cette batterie foudroyante, qui nous vaut un nouveau saut dans le public et un chanteur/guitariste tournoyant parmi les spectateurs un peu surpris par tant d’énergie. Ce curieux mélange d’une voix très pop sur fond de riffs ultra frénétiques fait mouche, sans oublier ce côté un peu (post) punk, et cette vague impression de shoegaze en effervescence (Harmony). On pense par moments à Ikara Colt, mais aussi à A Place To Bury Strangers version allégée en live avec les nouveaux Window In My Pocket et My Friend Has A Car He Starts With A Hammer (What Has Been Seen Can’t Be Unseen). On retourne sur Promises Promises et le plus sombre Whitehorses, il faut bien qu’ils respirent un peu dans toute cette excitation. How Soon Is Too Soon? (Its Not Vintage Its Used) nous remet sur le rails. Die! Die! Die! termine en beauté par Bottlecaps And Phones (I Can’t See You), et pour notre plus grand plaisir, avec deux titres issus du premier LP éponyme de 2006 (et Sir Steve Albini derrière les manettes) : Shyness Will Get You Nowhere et le fougueux Ashtray! Ashtray!. Ce soir, le Magasin 4 nous a tués. Triple Die!