Ce lundi 25 mars 2013 marque la sortie du nouvel album de Depeche Mode : Delta Machine. En écoute intégrale sur diverses plateformes depuis quelques jours, il marque le retour d’un des groupes les plus influents de l’électro-pop.
La sortie d’un album de Depeche Mode est toujours une sorte de petit événement dans le monde musical. Il faut reconnaître qu’ils font partie de ce groupe de dinosaures squattant les charts depuis maintenant une bonne trentaine d’années. Tour à tour, ils passent du statut de groupe électro amusant, où leur jeunesse était moins un avantage que leur talent, à un band angoissé, méthodique, froid, sérieux dans tous les sens du terme. Le public adore les remises en question réussies, Depeche Mode en opère plusieurs et fait peu de faux pas, offrant chaque fois un album au pire de qualité, au mieux surprenant… et ce Delta Machine surprend plus qu’autre chose.
C’est surtout le minimalisme assumé qui frappe, plus encore quand on écoute d’anciennes chansons. Ce nouvel opus est terriblement épuré : une rythmique souvent basique, presque triviale de simplicité ; des mélodies sans accroche immédiate et la voix de Gahan, marqueur essentiel du groupe, qui donne parfois l’impression qu’il se répète, sans parvenir à innover ou à renouer avec les mélodies imparables d’avant.
Mais Delta Machine est un album qui doit se domestiquer, qui demande du temps et une implication, peut-être même de bonnes conditions. Première impression : un usage immodéré pour la synthèse analogique (d’ailleurs assez à la mode depuis un an ou deux), un son vraiment bon (mais on ne s’attendait pas à moins), sans effets excessifs, brut, rugueux, une épure presque ascétique qui pourrait faire penser à de l’indigence plus qu’à une volonté de simplifier.
Faut-il pour autant parler de remise en question, de retour une certaine époque? Beaucoup moins accessible et fouillé que Violator et Ultra, ce nouvel opus marque clairement un changement. Un album dense (17 morceaux dans sa version de luxe, avec un livret de 28 pages réalisé par Anton Corbijn) qui est déjà un succès critique et qui, selon Martin Gore, se veut résolument moderne. Il est pourtant assez paradoxal de qualifier de moderne (ou d’actuel) un retour à l’analogique. Ce son est d’ailleurs un régal : la production est remarquable et l’écoute au casque, un vrai bonheur. Un album qui s’apprécie surtout d’une façon analytique plus que vivante.
Véritable volonté d’épurer ou manque d’inspiration? On oscille un peu entre l’attrait et la déception pour cet album, pas mauvais mais déstabilisant. C’est d’ailleurs sans doute sa plus belle qualité.
Marc Durant