Il ne fallait pas être épileptique, samedi 17 décembre dernier, à l’Ancienne Belgique. Une semaine avant Noël et pour la dernière date de sa tournée, le duo canadien Crystal Castles nous a offert son electro-punk enragé sur une explosion de lumières hachurées.
Entrer en scène sur le Requiem en ré mineur de Mozart apporte une note tragique et sublime a un show qui s’annonce délirant. Dès les premiers sons de Concrete, Ethan Kath et Edith Frances, accompagnés en live d’un batteur, mettent en transe les fans de tous styles et tous âges, venus remplir l’AB. À base de chant strident sur des beats sauvages mélangés à des sons de jeux vidéo des années 80, les ballades industrielles et mélodiques obscures de la formation canadienne dégagent une énergie intense et explosive. Le stroboscope marche à outrance et plonge le public dans un état extatique. Edith hurle merveilleusement, enroulée dans son câble de micro, perchée sur les retours de scène, elle asperge régulièrement les premières rangées, nous baignant dans ses cris et sa passion.
Le dernier album du groupe, Amnesty I, évoque constamment les droits de l’homme, d’ailleurs tous les bénéfices du disque seront reversés à Amnesty International. Ce soir, Crystal Castles mélange d’électronique humanoïde, de glitch et de nappes syncopées, nous entraîne dans les dimensions inexplorées de la witch house, jouant la plupart de ses nouveaux titres ainsi que quelques anciens.
Né à Toronto, en 2005, le groupe compte quatre albums à son actif, dont trois avec Alice Glass au chant. En octobre 2014, elle quitte définitivement le projet en raison de divergences artistiques. La fin du groupe est alors annoncée mais, six mois plus tard, Ethan Kath publie une nouvelle chanson intitulée Frail. Une jeune femme nommée Edith Frances y pose sa voix. Elle devient officiellement la nouvelle vocaliste du groupe. Il est vrai que, sans Alice Glass, Crystal Castles a perdu une partie de sa légitimité mais il n’en reste pas moins une curiosité sonore captivante. Edith Frances a beaucoup à donner à son public et le fond reste le même : une fille qui hurle sa détresse émotionnelle sur une musique électro sombre et étrange.
Ce soir, on a pu sentir la volonté de la formation d’entrer dans une nouvelle ère, plus punk et torturée, qui s’annonce au moins aussi passionnante que la précédente. Même si Alice Glass et sa candeur convulsive nous a manqué, Edith Frances a prouvé qu’elle savait rendre le show tout aussi fou et excitant !
Olivier Sipesaque