On ne peut pas dire que le temps soit à la fête en cette journée mondiale pour le climat. Ce sont en effet de véritables trombes d’eau qui s’abattent sur la capitale, ce 8 décembre 2018, alors que nous rejoignons le Botanique.
LoKa and The Moonshiners
C’est donc trempés jusqu’aux os que l’on arrive au Botanique alors que les premiers accords de LoKa and The Moonshiners résonnent dans la Rotonde. La salle est pleine ce soir mais, heureusement, on arrive à se faufiler du côté de la table de mixage où un peu d’espace inoccupé nous permet de nous poser.
Sur scène, un groupe connu des habitués du Concours Circuit, dont la finale se déroule aujourd’hui. Déjà sélectionné en 2016, année durant laquelle nous avons eu l’occasion de les découvrir, LoKa and The Moonshiners compose un rock garage/psyché teinté de sonorités africaines.
Une chose nous marque : l’évolution du groupe. On constate en effet une nette amélioration de sa présence scénique ainsi que de la qualité de son live. Difficile d’ouvrir une soirée comme celle-ci qui doit mettre une sacrée pression sur les épaules des cinq groupes en compétition. Ce soir l’un d’entre eux sera consacré tandis que les autres seront, en quelques sortes, laissés sur le carreau. Mais comme l’a bien rappelé Pablo Fleury, chargé de projets chez Court-Circuit asbl, après l’annonce des résultats : « le Concours Circuit, ce n’est pas la fin, mais un début ».
Glauque
Juste le temps d’utiliser notre premier ticket boisson offert en tant que membre du jury de cette finale, que Glauque entame son set à l’Orangerie. Changement de style : place au hip-hop. Quel plaisir de voir différents courants musicaux représentés, ce soir ! Mais voilà qui ne nous aidera pas vraiment à faire notre choix.
Si LoKa and The Moonshiners nous a fait vivre une parenthèse temporelle sixties, avec Glauque on revient en 2018, avec un groupe musicalement en phase avec ce qui fait recette en ce moment, dans la vague des Romeo Elvis et consorts.
Glauque c’est évidemment un groupe mais c’est avant tout un chanteur, Louis, qui sous ses airs de geek timide s’avère être un véritable showman. Son flow est rapide, assuré et ses textes en français traduisent les préoccupations de la jeunesse d’aujourd’hui. À côté de cela, le grand frère aux machines et les potes à la batterie et aux backing vocals assurent un max. Tantôt hip-hop, tantôt électro, les instrus sont lourdes et font vibrer l’Orangerie à l’unisson. Glauque fait partie de ces belles découvertes qui font la marque de fabrique du Concours Circuit.
Saudade
On enchaîne, après un bref échange avec un ami croisé au bar, avec Saudade à la Rotonde. La foule est de plus en plus dense, si bien que les gardes de sécu sont obligés de laisser les portes de la Rotonde ouvertes pour que les malheureux derniers puissent tenter d’apercevoir le groupe sur scène depuis l’extérieur.
On est serrés comme des sardines mais le jeu en vaut la chandelle. Saudade et son groove naturel nous fait onduler sur nous-même (pas le choix dans moins d’un mètre carré d’espace). La formation bruxelloise naît au retour en Belgique du chanteur Junior Bokele, après trois années passées en Angleterre, bercé par la scène londonienne. Prenez un peu de Ghostpoet, de King Krule et de Woodie Smalls, passez-les au shaker et vous obtiendrez un cocktail onctueux répondant au nom de Saudade.
Endless Dive
C’est ensuite au tour d’Endless Dive de prendre place sur la scène de l’Orangerie. Du post-rock en finale du Concours Circuit, c’est assez rare ! Ce n’est pas un secret, le post-rock c’est un peu notre tasse de thé chez BeCult. On ne peut pas dire que les gagnants du tremplin du festival de Dour ne soient pas doués mais en tant que connoisseurs, on ne retrouve pas dans les compos d’Endless Dive cette petite étincelle qui nous fait vibrer chez des groupes comme Caspian, Russian Circles ou Jean Jean.
S O R O R
On clôture la soirée avec S O R O R. Ici aussi, la progression du groupe saute aux yeux. Même si leur formation est récente (moins d’un an), c’est déjà la deuxième fois qu’on les voit en live. Moins timides, plus à l’aise sur scène comme vocalement, ils se donnent à fond ce soir et le public se laisse emporter. Sonic Youth, My Bloody Valentine, … autant d’influences qui transpirent dans la musique de ce quatuor, composé de trois filles, chose assez rare pour le mentionner !
Les délibés
Quand vient l’heure de trancher, il faut bien chercher la petite bête. Rassemblés au Witloof bar en fonction de leur profession, les jurés ont une demi-heure pour se prononcer. À notre table, Glauque semble se détacher du lot et lorsqu’on se rend dans la Rotonde pour la proclamation des résultats, c’est avec l’intime conviction qu’il va gagner. La remise des prix coups de coeur ne fait que renforcer cette impression. Jusqu’à ce que Saudade et Endless Dive reviennent dans la course, suivis par S O R O R et LoKa and The Moonshiners.
À cet instant précis, la pression est à son comble ! En rang d’oignons, les membres des cinq groupes font face au public et jurés encore présents dans la salle… jusqu’à ce qu’un nom, Saudade, vienne briser le silence quasi religieux de la foule, suivi d’une longue salve d’applaudissements et de la traditionnelle photo souvenir. Mais pour nous, et ce n’est pas de la démagogie (Michel Drucker, sors de ce corps), ce soir, ils ont tous gagné !