Dimanche dernier, c’est un public passablement métissé qui se retrouvait à l’Ancienne Belgique pour applaudir Helms Alee et Russian Circles. Tandis que certains arboraient sagement des t-shirts à l’effigie de groupes tel que Mogwai, d’autres affichaient quant à eux un style cheveux longs et autres parures assumées du métalleux.
Helms Alee ouvre les hostilités. C’est sur Sargent House, le label de Wovenhand, Chelsea Wolf et Russian Circles que le trio de Seattle sortait, en 2014, son dernier album Sleepwalking Sailors. Plus brut et moins peaufiné que la tête d’affiche, le groupe saura toutefois faire preuve d’ingéniosité dans des revirements de styles le sortant de la case stoner/sludge, toute facilement préparée.
Les trois musiciens parviennent en effet à passer des douces notes presque pop aux grosses vagues de lourdeur sludge, et ce de justesse avant que le point critique d’ennui ne soit atteint. Tous, sont cachés derrière leurs cheveux, concentrés afin de suivre la riquiqui batteuse survoltée qui, de ses coups de baguettes, mène allègrement un groupe parfois à la traîne.
Le public vibre presque déjà d’impatience tandis que se préparent les trois post-rockeurs de Chicago. Scène épurée, spots au sol et sonorités bruitistes, musicalement lancinantes, plantent le décor de l’univers du trio de tête attendu cette soirée. Commençant dans la nouveauté, le groupe a toutefois offert une réelle anthologie à ses adeptes. Dépeignant ainsi avec brio près de dix ans de carrière.
Sous le plafond étoilé de l’Ancienne Belgique, les Russian Circles s’imposent en maîtres incontestés au double visage. Ils transitent entre volutes post-rock et vrombissements lourds métalliques de telle manière qu’à trois, ils pulvérisent littéralement l’air de leur puissance musicale et sonore. Si le post-rock est un genre qui peut rapidement taper sur le système, ils parviennent ici à en retirer toute étiquette niaise et rebondissent toujours à l’exact moment où le vase risquerait d’être plein.
Pas vraiment de place pour l’ennui ici, la machine est parfaitement et rugueusement huilée. De fait, le groupe nous emmène partout, d’émotion en émotion, d’état en état, de la transe au headbanging. Ces virtuoses sont connus pour leur exactitude et leur précision à reproduire leurs productions studio. Ils jouent au son, au rythme près. Tant et si bien que les erreurs perceptibles sont finement gérées et offrent une preuve tacite que, oui, ils sont humains et faillibles.
Si pour les passionnés leur musique transcende tout, les moins alertes verront toutefois en ce concentré presque intellectuel un manque d’humanité et dynamisme. Il en ressort donc que Russian Circles est un groupe qui claque! Dans un sens comme dans l’autre, selon le point de vue et le degré de fanitude.