Petite escapade en Wallifornie, et plus précisément à Liège, en ce vendredi 24 janvier pour un balade à La Zone, ce lieu hautement alternatif (oui, il en reste!), riche en culture underground. Un lieu qui accueillait pour l’occasion Frustration et Komplikations, actuels groupes phares de cette nouvelle vague imprimée de post-punk.
La soirée est organisée en l’honneur du premier groupe : Komplikations. Et pour cause, il fête la sortie de son nouveau né Poverty sur Rockstar Records. Ces trois musiciens-là ont un bel avenir devant eux. Il faut dire que nous n’avons pas affaire à des dilettantes! Issus d’autres formations et en tournée active avec KK (le diminutif du groupe) depuis deux ans, ils nous offrent un live assuré et musclé. Le batteur, telle une boîte à rythme punky sans défaillance, et le synthé remplacent tout autre musicien possible : pas de guitare, pas de basse, juste ce synthé percutant, ultra rythmé! Il martèle le cerveau avec une efficacité et une précision redoutables provoquant moultes convulsions dans nos membres finalement extatiques. L’ensemble est mené par un chanteur dont la gestuelle n’est vraiment pas sans rappeler un certain Curtis. Il incarne l’alliance belgo-germanique du groupe dont on retrouve tout l’esthétisme dans le chant – cette froideur carrée emprunte d’une rage contrôlée mais non dissimulée – moteur de ce groupe décidément punk électronisé. Chouette note de soutien entre groupes à observer avec des membres de Frustration au premier rang.
Le début de soirée et l’entre-concerts sont assurés par un Elzo en grande forme. Il faut admettre que comme créateur d’atmosphère décadente, il excelle. Dès l’arrivée de la foule, il électrise l’ambiance de cette cave, mettant en haleine un public en soif de sensations punk. Le parfait ciment de la bonne continuité de la soirée. Ajoutons à cela des tarifs brassicoles défiant toute concurrence…
Il y a quelques mois, les parisiens de Frustration avaient violemment sinistré l’Atelier 210 de leur post-punk ultra efficace, nous laissant encore des paillettes plein les yeux. C’est finalement un Fabrice Gilbert (chant) plein d’appréhension qu’on a pu croiser avant le concert. Entre les trois nouvelles chansons et un live plus que réussi à égaler, le trac était là. Arrivés sur scène force est de constater qu’en prime, le line-up a lui aussi changé avec un nouveau bassiste (et un ancien dans le public) mais, dès les premières notes, la machine opère. Avec une virulence presque animale, le public se déchaîne et les vagues humaines commencent à déferler sur le devant de la scène. On ne pourrait vous dire si les musiciens jouaient bien ou si le chanteur chantait juste car Frustration est définitivement un groupe qui se vit : sa musique vous prend aux tripes et fait ressortir ce qu’il y a de plus simple en vous. Les nouveaux titres résonnent en nous comme si on les connaissait déjà par coeur. Le nouveau bassiste, quant à lui, est parvenu à trouver sa place au sein de la formation. Une réussite, pour un groupe de renom, de revenir à l’essence : jouer dans cette proximité humide. Bref, de revenir à la sueur, à la bière et à ce son crasseux de batcave. On crie, on hurle, on tape du poing, on se bouscule, on se blesse pour au final se dire que c’était tout simplement bon!
Signalons encore que Frustration sortira une compile Early Recordings pour le Disquaire Day (équivalent français du Record Store Day) comprenant ses premiers EP et LP ainsi que deux inédits.