Ce dimanche 27 octobre ne fut pas le jour d’un seul mais de plusieurs seigneurs, rassemblés sous le nom de règne : Acid Mothers Temple. Le Magasin 4 était, ce soir-là, le temple d’une cérémonie musicale tout droit venue du pays du Soleil-Levant. Une soirée psychédélique, riche en volume et en émotions!
Le Japon, ce n’est pas que le pays des sushis ou des prostituées sonores telles que celles du Visual Kei, c’est également le berceau d’une culture bien singulière, qui nous offrait déjà, dans les années soixante, des perles comme le Flower Travellin’ Band et son génial Satori. Mais ne vous y trompez pas, Acid Mothers Temple, c’est avant tout un collectif – dont font notamment partie Acid Mothers Afrirampo, Acid Mothers Gong et The Melting Paraiso U.F.O – né en 1995 des mains du guitariste permanenté du groupe (Kawabata Makoto). Son idée, influencée par le rock progressif, le krautrock et Karlheinz Stockhausen (grand compositeur allemand de l’électroacoustique), était de créer une « extreme trip music », produite du montage et doublage d’enregistrements. Et qu’on se le dise, cette musique est extrême et amène au trip!
Ils sont cinq, habillés comme nos grands-mères, redoutablement bons, en fait, diablement efficaces! C’est bien simple après deux chansons le public était en transe. Telle une parfaite incantation bruitiste, ils transportent tout un chacun dans leur univers sonore parfaitement maîtrisé. Soit, un savant mélange imbibé de noise, le tout alimenté par des riffs lourds ponctuant de grands élans psychédéliques. Ils parviendront même littéralement à caler la salle durant un long et majestueux Pink Lady Lemonade, au cours duquel un sentiment de bien-être absolu sera palpable dans l’atmosphère. Au final, ce concert fut, comme il est d’usage de l’entendre, synonyme d’une sacrée raclée.
N’oublions pas, avec tout ça, le groupe belge Umungus qui précédait le monument japonais. Ils sont jeunes mais nous offrent un live de qualité. Le set oscille entre de lents, lourds, lancinants interludes psychédéliques et passages emprunts d’une jouissive brutalité. Si les transitions ne sont pas toujours parfaites, les musiciens sont franchement bluffants et le groupe plein de promesses.
Entre un Umungus plutôt tribal et les spirituels démons du rock, cette soirée s’achèvera avec pour garantie des tympans presque percés, un sourire béat et (pour les plus aventureux) l’envie de crier « I ♥ JAPAN » à tue-tête.