Annoncée comme « Double Bill » (double programme), la soirée d’Halloween promettait de débuter tout en beauté ce samedi 31 octobre, à l’Ancienne Belgique. Une programmation pour le moins surprenante qui combinait le concert de la Californienne Chelsea Wolfe et celui de Low, trio originaire de Duluth dans le Minnesota.
La précédente tournée du même type, remontant à l’automne 2013 et associant les post-metalleux de Russian Circles à Chelsea Wolfe, apparaissait d’emblée plus appétissante. Soit, ce soir, on se rend à l’AB avec l’intention de s’offrir une bonne tranche de son. Son qui a bien failli briser nos tympans par moments, lors du set de Chelsea Wolfe, venue présenter son nouvel opus, Abyss, sorti en août dernier sur le prestigieux label Sargent House. Un album marquant un tournant dans la carrière de la musicienne, qui s’est offert l’expertise de Mike Sullivan (Russian Circles) pour ce quatrième exercice de style, aux confins des abîmes oniriques.
Le désormais quatuor vient tout juste d’entamer sa tournée européenne et semble encore devoir trouver ses marques. Chelsea et ses comparses procurent au public un concert appréciable – composé en majeure partie par des titres issus de cette dernière plaque semblant provenir des profondeurs marines, dont Carrion Flower et le frémissant Iron Moon – mais assez loin de la qualité offerte lors de prestations antérieures. Magnifique composition issue de Pain is Beauty, sublime précédent sésame, We hit the wall nous met du baume au cœur en milieu de set.
Pendant l’heure qui lui est attribuée, le groupe distille un bonne dizaine de morceaux, dont certains ont le pouvoir de faire frissonner. On regrette cependant l’absence de titres tirés des deux premiers LP Apokalypsis et The Grime and the Glow qui auraient sans doute été programmés, si le temps imparti l’avait permis. Mais la froideur de l’endroit, ce soir, a sans doute aussi joué son rôle. On a connu mieux en termes de lumières et de son… En effet, les chansons de la délicieuse et mystérieuse Chelsea Wolfe s’apprécient bien plus dans des salles intimistes aux charmes subtils, comme celle du Vooruit.
La seconde partie de soirée est réservée à Low qui, quant à lui, est venu présenter son tout nouvel album, Ones and Sixes, fraîchement dans les bacs grâce à Sub Pop. Ce trio formé par Alan Sparkhawk et Mimi Parker, couple dans la vie comme sur scène – et récemment complété par le bassiste Steve Garrington – entame son set par le premier titre de ce dernier opus, Gentle, et continue sur sa lancée avec No Comprende suivi par le savoureux Monkey. Et le public est le leur, ce soir! On aurait bien profité de leur concert assis sur le sol mais les fans sont là et le font sentir.
Avec une ambiance allant crescendo, Low prouve qu’après un peu plus de vingt ans de carrière, il tient toujours aussi bien la route indie teintée de lo-fi aux nuances dream pop mélancoliques. La part belle est donnée à Ones and Sixes, agrémentée ça et là de titres d’anciens albums comme Plastic Cup et Holy Ghost pour terminer en beauté par un très judicieusement choisi Murderer. Certains passionnés déploreront tout de même l’absence de morceaux provenant des trois premiers albums et, malgré les qualités des groupes présentés, cette soirée nous laissera mi-figue, mi-raisin.
Nancy Junion