Le 4 septembre dernier, le label bruxellois Cheap Satanism Records fêtait sa rentrée au Magasin 4. Une soirée de concerts dont l’apogée fût sans nul doute la prestation à couper le souffle du trio tessino-canadien Peter Kernel.
Il n’y a pas d’oeuvre d’art sans collaboration du démon – André Gide
Ce soir le Prince des Ténèbres et son équipe nous invitent, dans la dernière chapelle indé de la capitale, à la découverte de quatre groupes aux sonorités brutes et expérimentales.
Duo guitare-batterie originaire de Lille, Ed Wood Jr ouvre le bal. Son dernier EP, LOST.DRIVE.WATER.EXIT, sorti en avril sur le label Black Basset Records (encore eux!) est un véritable coup de cœur. Premier concert de la soirée et première fois en live, en ce qui nous concerne. Extrêmement précis et captivants sur support, les musiciens s’avèrent un peu moins à l’aise sur scène. Les compositions du groupe, instrumentales dans l’ensemble, sont sporadiquement agrémentées de passages chantés sur lesquels Olivier pose sa voix. Une voix qui, ce soir, manque légèrement d’assurance, tout comme la frappe du batteur qui semble parfois un peu perdu derrière ses futs. Problème de retours? Fatigue? On ne le saura jamais… On se prendra tout de même une bonne dose de frissons – du genre de ceux qui font se dresser les poils à la verticale – en fin de concert avec l’excellent Drive et sa rythmique frénétique.
Après une courte pause mise en musique par Lucifer Ketchup, Vitas Guerulaïtis, trio de Français exilés à Bruxelles, entame ses premiers accords. Bien qu’intéressant instrumentalement parlant, son répertoire composé de bruits et de chants « absurdes » ne parvient pas à nous convaincre. Totalement hermétiques à ce genre musical très particulier, on préfère dès lors déguster quelques bières et taper la causette en laissant les connaisseurs apprécier le spectacle à sa juste valeur.
C’est maintenant au tour de Peter Kernel de prendre place sur scène. Découverts au Tipi à Liège (où ils nous avaient accordé une interview) en octobre 2012, on avait recroisé leur route à Pont-à-Celles, en avril dernier. Positivement surpris il y a trois ans, leur prestation au PaCRocK nous avait par contre un peu déçus. Ce soir, on exulte! Barbara, vêtue de son traditionnel marcel légèrement transparent donne la réplique à son boyfriend, Aris, qui a pour sa part opté pour une chemise à carreaux tendance hipster. On a le sourire aux lèvres face aux regards complices et aux répliques taquines que le couple échange régulièrement entre les morceaux, et les oreilles qui frétillent face à tant de bon son. Venu défendre son dernier album en date, Thrill Addict, le trio (oui, il y a aussi un batteur dans l’histoire) n’a rien perdu de son talent à marier le parlé-chanté (voire le crié-chanté), les rythmes syncopés et les mélodies rock. Une heure de pur plaisir musical comme on a rarement l’occasion d’en entendre de nos jours!
Une petite sauterie qui se clôturera avec Zoft et son live diaboliquement efficace en fin de soirée. Non loin des waters, à même le sol, le duo combinera rythmiques énergiques, sons organiques et riffs répétitifs pour le bonheur des adeptes du genre, venus assister en nombre à cette grand-messe bruxelloise de la musique indépendante.