Samedi 29 mars dernier, l’Aéronef de Lille accueillait une soirée poids lourd : Catch Me! If You Can… Un mix de catch, de performances et de concerts. A la tête de cet ambitieux programme : la team 666 La Chasse, un collectif bruxellois qui n’en est pas à son premier round d’essai.
18h, arrivée sur place en avance pour profiter d’un coup d’oeil indiscret vers la régie, histoire de constater l’ampleur des préparatifs. En un mot : audacieux! Cette première édition n’en est pas pas tout à fait une. En effet, le diabolique collectif belge s’était déjà aiguisé les pectoraux dans le thème du festival musclé en organisant le Flesh Factory Fest 3 au Rockerill de Charleroi en septembre dernier. La guest star de la soirée pour cette nouvelle mouture est incontestablement l’imposant ring cubique, sa disposition imposante et centrale le confirmant. Aux manettes de l’habillage scénique tout aussi généreux, le crew des Digital Vandal. Le public profitera, dans la grande salle, d’un écran de projection géant, de deux écrans latéraux pour les retransmissions en live, de lights à foison habillant ring et la scène, ainsi que d’un espace plus cosy dédié aux expos et aux performances.
20h, les hostilités sont ouvertes avec un gars de chez nous : Mr Marcaille. Il entame son set sur le ring, simplement vêtu d’un slip, tout sauf en dentelle. L’homme-ours-orchestre-contrebasse-batterie déverse avec allégresse moult émanations de gutturaux gargarismes. Après des décilitres de contagieuse transpiration, le doute plane… Cette furtive reprise mystère en plein milieu de set était-elle bel et bien celle de You Suffer de Napalm Death, le track le plus court et trash de l’histoire du grindcore?
Pas le temps de tergiverser car le premier round de la Commedia Dell’Arte sur ring commence (Big up’ Roland Barthes!). Le public, que l’on sent beaucoup plus captivé qu’à la session de Charleroi, exulte. L’art du marteau pilonnage en lycra de l’équipe des Spelers Van De Ring cède le pas au défilé fluo-récup’ des extravagantes créatrices from UK Rubbish Fairy & Lady Gonzalez, qui transforment la grande scène en catwalk psychédélique, dans un total esprit « neo-rave en caravane ». S’en suit sans relâche le climax de la party au milieu des cordes, avec la grand-messe 100% blues trash du sacro-saint Reverend Beat-Man. La salle est comble, l’homme de foi fait mouche et ses ouailles communient avec une dévotion pas très catholique. Il sera ensuite difficile de drainer davantage autant de ferveur.
Après un interlude tombola qui tire un peu en longueur, c’est au tour de OvO sur la grande scène, avec un public quelque peu diminué. Plus tard, nous comprendrons qu’un effeuillage de Louise Deville se déroulait au même moment. Le set du duo est particulièrement loud, noise et lancinant. Très appréciable mais peut-être un peu trop introspectif par rapport à l’ambiance de la soirée. C’est un public encore un peu plus réduit qui s’agitera devant le second round féminin sur le ring.
Débarque ensuite de Brisbane la déjantée MC Gaff E feat My Bad Sisters pour un cocktail détonnant de beats rave hip-hop sous acide. Looks azimutés, prestance scénique rave’ageuse et chorés sous psychotropes à faire frénétiquement twerker n’importe quel bureaucrate engoncé de l’office des étrangers. Malheureusement, une fois de plus, le public a du mal à choisir entre ce show mémorable et l’ultime performance groupée de Louise Deville : une orgiaque bataille de condiments sucrés dans une piscine gonflable, non loin des réalisations du collectif Toys’R’Noise. La dernière démo de catch sera la plus spectaculaire : la momie restera très certainement dans les anales de la lucha libre comme un powerslam sur une colonne vertébrale.
La soirée fight se termine par le très bon electro vinyl set de DJ TZII, agrémenté d’un visuel de la suédoise VJ NYX. Ce sera un peu la cerise sur le gâteau, offerte aux derniers survivants, les locaux étant partis à la chasse du dernier métro ou d’un night shop encore ouvert, pointant du coude les limites de la fête chez nos voisins.
Malgré quelques maladresses dans la gestion du rythme de l’événement, c’est avec une énorme banane et du fluo plein les mirettes que l’on se remémorera cette soirée ambitieuse et sans répit, laissant de surcroît une large place aux artistes féminines émergeant des quatre coins de l’Europe. Atypique, ludique, aventureux, barré, généreux et modique (le prix d’entrée était fixé à 11€, les adhérents de l’Aéronef participant, quant à eux, gratuitement aux festivités). On ne demande qu’à voir évoluer le concept, en rodage prometteur. Rendez-vous au prochain « match freaks », espérons-le, peut-être à domicile!
Carolyne Missdigriz