Paradis altermondialiste du nord-est de la France situé à une grosse trentaine de kilomètres de la frontière belge, le Cabaret Vert célébrait, ces 23, 24, 25 et 26 août, sa quatorzième édition dans la charmante petite ville de Charleville-Mézières. Retour sur un samedi haut en couleurs.
On arrive sur le site assez tôt : les concerts ne commencent que vers 16h mais on a entendu dire que le festival avait fait peau neuve et on est impatients de se rendre compte de l’évolution de nos propres yeux. On n’est pas déçus ! Pour les amoureux des rave parties, le nouveau Green Floor (ex-Temps des Cerises), c’est ‘the place to be’. La nouvelle scène, cachée sous des arbres et jouxtant la rivière, offre un cadre exceptionnel pour les DJs qui s’y succéderont tout le week-end. À ce cadre exceptionnel s’ajoute une programmation tout aussi exceptionnelle, puisque le Green Floor verra notamment passer Amelie Lens, Charlotte De Witte, Arnaud Rebotini, Vladimir Cauchemar ou encore Felix Da Housecat. Les techno-addicts seront sans aucun doute conquis.
Seconde nouveauté, la scène Razorback fait son apparition dans le bar Groin-Groin, juste à côté de la scène des Illuminations, maintenant couverte. L’ambiance rock est de mise, la scène, très petite, est séparée de la foule par une herse et offre une proximité géniale entre les groupes et le public. Le tout est embaumé par l’odeur salivante d’un gigantesque barbecue où cuisent des saucisses de… sanglier, Ardennes obligent !
Pogos
Mais place aux concerts. Essayer de faire bouger un festivalier à 16h, c’est peine perdue diraient certains. Sauf quand on s’appelle Pogo Car Crash Control et qu’on arrive à enflammer la grande scène du festival devant un public s’étoffant de minute en minute. Avec son punk criard refilant un boost d’adrénaline pour la journée, le quatuor ne pouvait pas mieux tomber et nous mettre en jambe pour la journée. Pour certains par contre, c’est l’heure de la sieste, car si beaucoup écoutent attentivement la prestation du groupe, d’autres enchainent les wall of death, pogos et moshpits. Pogo Car Crash Control, ça réveille !
On poursuit avec le très bon Ron Gallo, sorte de rencontre entre un chanteur aux allures de grand dadais aux cheveux bouclés qui a donné son nom au groupe, un batteur tout droit sorti des années 60 troquant à l’occasion ses baguettes pour des Twix, le sosie de Zach Galifianakis à la basse et un claviériste un peu amorphe derrière ses touches. L’ensemble démarre doucement avant de sortir guitares et grosses percussions pour nous offrir du garage punk pur et dur, pour notre plus grand plaisir.
Entre morosité et rythmes effrénés
Ensuite, place aux traditionnels conflits horaire, typiques des festivals, encore plus nombreux cette année à cause de la multiplication des scènes. On commence donc par Protomartyr. Le quatuor de post-punk originaire de Detroit a du mal à s’imposer et la foule prend du temps à se déplacer en-dessous du chapiteau. La faute peut-être à une musique un peu morose par moments et à un Joe Casey se risquant peu à un rôle de showman, restant derrière son micro, verre de bière à la main.
À l’arrière du chapiteau, on entend déjà les rythmes effrénés d’Arnaud Rebotini, le génial producteur de la BO du film 120 battements par minute, qui entame son set sur le Green Floor. On décide de se laisser entrainer par sa musique avant d’aller faire un tour au paradis des rockeurs, la scène Razorback, où le trio californien Moaning commence un petit set devant une foule assez dense pour l’endroit.
Il est maintenant l’heure de manger et le barbecue jouxtant la scène est l’endroit idéal pour faire d’une pierre deux coups, car il faut tout de même reprendre des forces avant la musique puissante d’IDLES. Portés par leur leader charismatique Joe Talbot, les britanniques font (re)vivre les bases du punk rock au public venu en nombre pour les écouter. « Pourquoi est-ce qu’ils crient comme ça ? » s’exclame une dame, au bar. « C’est la musique, madame… »
Pas le temps de rester pour la fin du concert, on rejoint à nouveau le Green Floor pour le show de la nouvelle pépite du label Ed Banger (Justice, Cassius, Busy P, …) : Vladimir Cauchemar. Derrière son masque représentant un crâne, il entame son set par son titre devenu culte, Aulos, avant d’enchainer avec des remix et re-works des plus grands hymnes pop du 21e siècle.
Good Old America
On laisse notre ami Vladimir pour l’un de nos coups de coeur du festival : The Nude Party. À mi-chemin entre garage, surf rock 60’s et country, les six cow-boys de The Nude Party nous offrent un vrai moment old school et nous transportent tout droit sur les routes américaines, radio à fond dans la Cadillac. Leur dernier album éponyme, aux sonorités semblables à ce que faisaient The Surfaris à l’époque, est une réussite et l’énergie qu’ils dégagent sur scène est vraiment plaisante. Et on n’est apparemment pas les seuls à aimer, puisque Ron Gallo et sa bande, présents parmi la foule, ont l’air d’apprécier le spectacle tout autant que nous.
Dernier concert sur la scène Razorback, Fontaines D.C. a un peu de peine à concurrencer le mastodonte Phoenix, qui joue sur la grande scène au même moment. Les Irlandais parviendront tout même à attirer une petite foule d’amateurs de bon rock, pour leur deuxième concert du festival.
C’est à Phoenix et Shaka Ponk (qui a remplacé le rappeur Booba au pied levé) de fermer la main stage ce samedi soir. Les deux valeurs sûres de la scène françaises assurent des shows millimétrés, très léchés, clôturant notre journée sur une bonne note.
Il ne nous reste qu’à dire ‘à l’année prochaine’ à ce Cabaret Vert qui nous fait vivre chaque année son lot d’émotions et de beaux moments musicaux. Et quoi de mieux pour se dire au revoir que d’aller danser devant l’une des Belges les plus en vogue en ce moment sur la scène techno : Charlotte De Witte.
Merci pour tout le Cabaret, on se revoit très vite !
Guillaume Scheunders