Charleville-Mézières, vendredi 26 août 2017, Cabaret Vert, jour 2, 14h. On pénètre dans l’antre du festival, les jambes sont molles, c’est encore le matin dans nos têtes.
17h, entrée sur scène du groupe Goat Girl. Un girls band comme on n’en voit malheureusement pas assez. Sur fond de sons garage ‘blondiesques’, les quatre British font vibrer leurs guitares en choeur. On ne peut s’empêcher de penser un peu naïvement que ça aurait pu être nous, là, à leur place… Si seulement on avait persévéré dans ce groupe, lancé à nos 16 ans, dans la chambre d’une amie. Mine de rien, se voir représentée en tant que femme sur une scène de festival comme le Cabaret Vert, ça a quelque chose d’assez jouissif. On regrette d’ailleurs que cela reste une minorité. Mais par malheur, le concert est avorté après 25 minutes de show, sans aucune raison. Un goût de trop peu et un groupe à surveiller de près !
On ne se laisse pas abattre et on continue avec The Kills. C’est résolument sexy, du rock dans ce qu’il a de plus pur à nous apporter. Le tout incarné en la personne qui atteint les summums de la coolitude, Alison Mosshart, accompagnée de son acolyte de toujours, Jamie Hince. Son aisance scénique et son charisme attirent tous les regards. The Kills, ce sont des flirts avec le public à coups de clins d’yeux, de sourires et de riffs bien placés. Le climax arrive très vite avec le morceau Doing it to Death. Mimétisme oblige, on fait voler ses cheveux et lève les mains au rythme des drops de batterie.
Cette journée est rythmée par des allers-retours incessants entre les deux scènes du festival. On quitte la main stage pour se retrouver une nouvelle fois devant la scène des Illuminations. Au rendez-vous pour le show de Ty Segall. Exceptionnellement, et pour cause de besoins pressants, on vous fera le récit de cette prestation depuis la file pour les toilettes sèches qui se trouvent juste à côté. La détresse collective de la vessie remplie fait partie du folklore et du charme d’un festival réussi, non ? On retrouve une nouvelle fois des guitares qui envoient la sauce. Voix rocailleuse, presque graveleuse, nos têtes et nos jambes se laissent porter par les mélodies. Ce paragraphe ne leur rendra sûrement pas l’honneur qu’elles méritent mais on espère quand même vous donner l’envie d’y jeter une oreille.
À la nuit tombée, c’est Band of Horses qui prend possession de la scène. Ils nous transportent au-delà du crépuscule avec leurs morceaux qui nous donnent l’impression de galoper au ralenti dans d’immenses plaines.
Vers 23h, le changement de registre est radical avec Denzel Curry. Juste après Korn (qui a délivré un concert au top !), il nous faut un ou deux morceaux pour nous habituer à ce nouvel environnement sonore. Très vite, les basses envahissent le site et font vibrer le sol. On aime ça. Réglées au maximum, elles nous emportent tout droit vers la scène rap et hip-hop floridienne. Gros bémol pour le public d’une mollesse sans nom. Ce manque de répondant rendra malheureusement le concert assez plat.
Pour terminer la journée, on se finit avec nos compatriotes de Soulwax. Une grosse claque à tous les niveaux ! Visuellement et phoniquement avec trois batteurs sur scène (dont une femme, yeah!). C’est carré, c’est parfait, c’est en rythme, tout se complète comme un dialogue millimétré. Les décibels explosent, nos hurlements ne peuvent pas les couvrir. On se contente dès lors d’apprécier chaque moment de ce live dont l’intensité augmente de minute en minute. Au milieu d’une offre parfois trop lisse de la scène électronique, ce groupe dénote réellement grâce à l’originalité de sa prestation. Il n’y a aucun temps mort. L’ambiance qui nous enveloppe nous rappelle étrangement la BO de la série Stranger Things.
Le Cabaret Vert, c’est le genre de festival que l’on porte dans notre coeur pour tellement de raisons différentes. Au-delà de son line-up éclectique et de qualité, les organisateurs mettent le paquet afin que les festivaliers puissent profiter d’un événement dont la patte est clairement marquée et assumée : écologie, sensibilisation, tri sélectif, bouffe et boissons de qualité… Il n’a rien à envier aux grosses machines de l’Hexagone, comme Rock en Seine qui a lieu le même week-end dans la capitale française.