Il y avait de quoi faire, ce samedi 12 avril, à Bruxelles. Alors, autant essayer d’en voir un max! De Sleepy Sun à Charnier, la rédaction de BeCult vous emmène, le temps d’une soirée musicale, au coeur de la capitale.
Il est 21h15 quand les américains de Sleepy Sun entrent en scène dans la magnifique Rotonde du Botanique (qui n’est pas l’une des plus belles salles de Belgique mais l’une des plus belles salles du monde, d’après Evan Reiss, l’un des guitaristes). Cinq gars, un son. Celui du soleil couchant. Ils sont venus nous présenter leur quatrième album : Maui Tears. Des rythmiques psyché à souhait, une basse très présente et un chouïa trop sonore (provocant sans doute quelques soucis techniques sur certains morceaux), et des solos juste quand il faut. Ils commencent très chronologiquement par le premier titre New Age du premier album, suivi par The Lane, morceau phare de leur dernier opus. Ils enchaînent gracieusement par Open Eyes, issu du sublime Embrace. Les titres passent comme du petit lait mais c’est surtout cette voix, celle de Bret Constantino, qui fait chavirer les coeurs dans cette Rotonde presque comble. Il a ce je-ne-sais-quoi dans la voix, à la fois bluesy et divinement éraflée. Il porte le cheveu long, une chemise fleurie aux couleurs passées et manie son harmonica avec amour. Il frétille, agité par de légers soubresauts d’excitation, tel un enfant devant une vitrine de bonbons… Ce qui rend le spectacle encore plus délectable. Sur certains morceaux, comme Desert God, la musique ralentit, flirtant avec le post rock, pour repartir de plus belle. Le public, composé de nombreux fans de la première heure, est complètement bouleversé et n’hésite pas à applaudir à la fin de certaines parties, comme dans un concert de jazz. Un rappel, bien mérité et tambouriné par les pieds des spectateurs, fera exploser le splendide titre Marina.
22h30, il est temps de se rendre au London Calling, ce bar assez atypique, regroupant à la fois (à l’étage surtout) les fonctionnaires européens un peu chébran et, au sous-sol, la faune alternative bruxelloise. Android 80 est seul aux manettes, avec ses deux synthés et d’autres astuces qu’on ne peut voir du fond de la salle. Il reprend des hits (et moins hits) des années 80 pour le plaisir de l’audience. Il est presque minuit et demi (Cendrillon est déjà dans son ambulance) quand les comparses de Charnier prennent les commandes. Ils sont trois et plein d’avenir. Une guitare, une basse, deux synthés et une boîte à rythme. Ils entament leur set et on ne peut s’empêcher de penser à la voix d’un chanteur du début des années de fer (chut, chut, pas de marque) pendant les trois premiers morceaux. Pour le quatrième, c’est le claviériste qui prend la parole. Il adopte un tempo légèrement plus agressif que pour les titres précédents mais cela reste tout aussi jouissif. Le cinquième morceau commence sur un beat ressemblant à une version vachement dark de FYC (si, si, vous avez bien lu), même si globalement, on pourrait noter The Wake comme influence potentielle de Charnier. La voix est, par moments, trop couverte par les sons synthétiques mais cela ne gâche pas cette belle performance. Notons, soit-dit en passant, qu’un bassiste au chant, c’est bien trop rare et bien dommage d’ailleurs. Ian Curtis est mort, vive Ian Curtis!
Nancy Junion