Le 2 juin dernier, BeCult s’est aventuré au Vk*, au péril de son intégrité physique, pour assister à une soirée chaperonnée par les Black Lips. La bande de trublions, précédée par sa réputation, était donc attendue par une salle comble prête à s’en mettre plein les oreilles et les côtes.
Les premières parties, qu’on ne peut s’empêcher d’estampiller « Elzo Durt », étaient assurées par Go!zilla et Jack of Heart, dans cet ordre de passage. Un ordre contestable face au rendu général des deux groupes. En effet, les Italiens de Go!zilla ont su briller de modestie en distillant efficacement leur rock garage imbibé de fuzz et de psychédélisme, non dénué de finesse et de subtilité. Tandis que le public échauffé s’est vu cassé dans son élan par l’énergie foutreuse de Jack of Heart et les élucubrations de son frontman allumé et passablement exaspérant. Avouons-le, à l’instar des Black Lips, eux aussi avaient une réputation à tenir, et les poulains Born Bad/TMR nous ont tout de même un peu satisfait les oreilles de leur énergique melting-pot psyché.
Après ces prestations, on abandonne tout simplement l’idée d’aller chercher une bière tant la salle s’est remplie. Cinq ans après le passage des Black Lips au Vk* et pas moins de 17 ans après les débuts du groupe, c’est la perspective d’un grand n’importe quoi qui se profile sur scène. Il faut dire que le quatuor d’Atlanta n’en est pas à son coup d’essai dans l’exécution d’absurdités et que ses musiciens sont connus pour être des performeurs tout-terrain, survoltés et un brin décadents. C’est donc avec une pointe d’espérance qu’on attend la douce mise à sac de la salle molenbeekoise.
Dès que le groupe arrive sur scène, des cris stridents se font entendre. Une nuée de donzelles, transformées en préados en plein dérèglement hormonal se précipitent devant leur idole. C’est ainsi que démarre une jouissive foire aux relents punk-garage. La formation s’auto-proclame « flower punk », et peut-être est-ce ce qui en fait un groupe à minettes, mais l’ensemble est plus subtil. Si le chant et l’énergie appartiennent à l’esprit punk, on découvre une touche bien plus rétro pointant autant vers le garage que le rockabilly. L’ambiance y est, la foule se débat, se bat, vole, chanson après chanson. Il faut dire que nos hipsters rednecks y vont à coup de papier cul dans les airs, de morve, de sueur et de riffs sauvages afin d’amener le public à une animalité recherchée.
C’est ainsi que certains y perdront vêtements et chaussures, dignité et neurones, voix et culottes mais qu’à peu près toute la salle aura dansé, sué et apprécié cette soirée annonçant un dernier jour de semaine parfumé à la bière frelatée.