Dans son dernier film, Before We Vanish, le réalisateur japonais Kiyoshi Kurosawa transpose toutes les angoisses de la société contemporaine (épidémie, fin du monde, invasion, …) avec humour et, le plus surprenant, presque sans aucun effets spéciaux.
Dans Before We Vanish, on suit d’une part un couple marié, dont l’époux semble avoir été touché par un mystérieux virus qui lui a fait perdre la tête, et d’autre part un journaliste sur la touche qui s’est lancé dans un périple mystérieux aux côté d’individus prétendant être des extraterrestres.
Une multitude de péripéties impossibles attendent nos personnages : le couple marié, Shinji et Narumi, tentent de se redécouvrir tout en étant poursuivis par d’étranges individus, les mêmes qui poursuivent Sakuraï, le journaliste qui aide les prétendus aliens à mettre leur plan à exécution : envahir la terre. Chaque personnage se retrouve donc confronté à des obstacles, lesquels génèrent des situations rocambolesques.
C’est là le point particulièrement étonnant du film, car le sujet principal demeure sérieux : la vie humaine qui court à sa fin. Or, le réalisateur parvient à noyer ce sujet dans une série de scènes oscillant entre le comique de situation, l’humour noir et parfois même du kung-fu grotesque.
Kurosawa réussit cette prouesse grâce à ses choix en termes d’acteurs et de lieux de tournage. Dans cette situation calamiteuse, l’être humain reste fidèle à lui-même : le journaliste désire à tout prix publier un scoop et Narumi ne pense qu’à retrouver son époux alors que la fin du monde est proche. En somme, l’homme demeure jusqu’au bout un splendide égoïste.
La musique choisie pour illustrer ces passages grotesques tombe à pic : trompettes et sonorités bouffonnes ne manquent pas de garnir les scènes du film. Quant aux plans, ils sont propres et sans folies. Un seul petit bémol : les séquences sont parfois un peu trop lentes. On comprend bien l’intention du metteur en scène de vouloir rendre les évènements plus naturels en ne coupant pas certains passages, mais le spectateur s’en passerait bien. Cela alourdit en effet sensiblement l’ensemble… dommage ! Cependant, les quelques effets spéciaux qui apparaissent en fin de film sont relativement impressionnants par contraste avec ce monde très banal qui nous est propre.
Cette comédie de science-fiction se laisse donc gentiment regarder. Le spectateur qui souhaite y percevoir des symboles forts du monde actuel en perdition peut s’y essayer, tout comme celui qui désire uniquement se changer les idées. Dans Before We Vanish, chaque cinéphile trouvera donc satisfaction !
Ariane Peltier