En ce lundi 6 mai, l’Ancienne Belgique accueille les papys punk rock californiens de Bad Religion qui viennent défendre leur dernier opus (le 17e quand même), sorti le 3 mai et s’intitulant sobrement The Age Of Unreason. Papys mais pas engourdis pour autant, loin de là !
Les Hollandais de Ploegendienst montent sur scène devant une fosse clairsemée, qui se remplira en cours de route, pour proposer un set d’une petite demi-heure dans un état d’esprit et avec des compositions nerveusement punk et rock. Un duo guitare-basse-batterie accompagné d’un chanteur qui attaque de front. Au bout de quelques titres, il enlèvera son t-shirt pour finir par chanter assis sur scène en agitant les jambes dans tous les sens. Ce soir, le son est de bien piètre qualité : la voix du chanteur est à peine audible face aux instruments et d’une justesse aléatoire. Mais on ne lui en tiendra pas rigueur. Après tout, c’est un concert de punk rock. Pour la finesse et la justesse, l’AB n’est pas la bonne adresse ce soir. C’était sympa, mais ça en restera là.
C’est ensuite au tour des cinq baroudeurs de Bad Religion de prendre possession de la scène face à une salle bien garnie, même si les balcons du deuxième étage ne sont pas ouverts. Sans artifice particulier, le temps de checker les branchements de leurs amplis, ils attaquent avec Chaos From The Within, titre d’ouverture de leur dernier album. La batterie bastonne ferme et vite, à la basse ça gratte furieusement, quant aux deux guitares, elles envoient des riffs plein les enceintes. Au chant Greg Graffin, présent depuis les débuts du groupe en 1980, s’agite dans tous les sens malgré ses 54 ans bien sonnés. Il est toujours déroutant de se rappeler que ce type a aussi été prof d’unif avec une spécialisation dans la théorie de l’évolution en lien avec les… religions. Spécialisation qui déteint dans les paroles du groupe, le plus souvent critique vis-à-vis de la société moderne.
C’est donc un concert pied au plancher que Bad Religion propose ce soir au public et à une fosse qui, timide dans un premier temps, va progressivement se réveiller, entre pogo et circle pit successifs. Ça slamme généreusement aussi, et un optimiste tente même le grand écart entre la barrière de sécurité et la scène. Optimisme qui ne sera pas récompensé, malgré sa posture pour le moins déroutante. Et que dire de ce papy à la barbe et aux cheveux blancs, gracieusement réceptionné par la sécurité après son crowd surfing. Ou encore de cette chaussure qui termine son vol plané sur scène, au pied de la batterie. Mention spéciale au titre Punk Rock Song et son refrain qui donne envie de beugler joyeusement.
Au bout d’une petite heure, les musiciens quittent la salle et un ballet inhabituel de roadies se met en place : ceux-ci viennent coller de nouvelles playlists sur celles déjà scotchées au sol. Ils reviennent ensuite sur scène et annoncent que, pour fêter les 30 ans de l’album No Control, ils ont décidé de le jouer dans son intégralité, rien que ça. Tranquille les mecs ! Ça repart donc à plein pot pour une grosse demi-heure qui fait (re)bondir la fosse allègrement. C’est finalement vers 22h30 (comme souvent à l’AB, ce qui est bien trop tôt, même pour un lundi soir) que le concert s’achève avec le trente-troisième et dernier morceau joué ce soir : The World Won’t Stop. Vu l’énergie balancée depuis la scène aujourd’hui, eux non plus ne sont pas près de s’arrêter tout de suite. Qu’il en soit ainsi !