Lundi 15 mai, les Nuits du Botanique battent déjà leur plein depuis quelques jours, distillant leurs vibrations un peu partout dans – et aux abords – de ce complexe culturel bruxellois. Ce soir, Agar Agar, Magnus et Whispering Sons se produisent sous l’énorme tente installée pour l’occasion dans les jardins botaniques de la rue Royale.
Entrée silencieuse. On est les premiers à pénétrer le chapiteau. Bière et calepin à la main, on est prêts à remplir notre mission du jour. On se poste du côté droit de la scène en espérant voir d’autres personnes arriver avant que le concert ne commence. Et puis, la magie des Nuits opère… Il suffit de dix minutes pour que la moitié de la salle se remplisse de spectateurs venus découvrir ce groupe flamand lauréat de la vingtième édition du Humo’s Rock Rally. Leur entrée est discrète, pas d’applaudissements, ils s’installent et font résonner les premières notes de leur son post-punk. Voici Whispering Sons !
Dès les premiers instants, la voix grave de la chanteuse Fenne enveloppe la salle d’une ambiance définitivement obscure, froide et intense avec le titre Shadow. Devant nous, un des festivaliers du jour met le doigt dessus : « Ils sonnent comme The Cure des années 80 ». L’omniprésence du synthétiseur y est probablement pour beaucoup et nous évoque d’autres influences telles que Depeche Mode, Joy Division ou encore New Order. Dès le second morceau, l’intensité monte d’un cran, les instruments hurlent. L’atmosphère est tantôt envoûtante, tantôt énervée. Un savant mélange qui décoince les plus timides d’entre nous avec des titres comme Wall et Stranger Identities. Le public accroche, et nous aussi. Le climax final ne tarde pas à arriver. Le groupe nous emporte avec lui à travers le langage de la musique et du corps. On aimerait se décharger avec la chanteuse, hurler dans son micro et que ça continue le temps de quelques morceaux additionnels. Chance du débutant ou pas, lorsque les lumières se rallument on se décide à recueillir les impressions du public et tombe sur une amie d’enfance de Fenne, une certaine Louise. Elle nous raconte quelques anecdotes et en profite pour faire un petit peu de pub pour ses amis dont elle est extrêmement fière. On découvre ainsi que le groupe n’en est pas son premier essai, il a déjà foulé les planches du festival Pukkelpop, l’été passé !
Pas l’temps d’niaiser. Place à la French touch de la soirée avec Agar Agar. L’ambiance monte d’un cran bien que les premiers morceaux soient un peu plan-plan. On reste dubitatifs, c’est du déjà-entendu, ça surfe sur les sons du moment et ça manque de surprise. Mais on reste intéressé par la jolie Clara et sa voix suave, accompagnée du très carré Armand, posté derrière son synthétiseur, qui nous ramène tout droit vers les sons électroniques typiques des 90’s. Ambiance disco-pop à souhait, lumières roses et bleues, on se surprend à taper du pied et remuer les fesses sur ce son qui ne nous convainc pas mais duquel on n’arrive pas à se décrocher. Le titre I’m That Guy nous invite à continuer à marcher dans la nuit avec eux. Et on fait bien de s’accrocher car sans s’en rendre compte on finit par se retrouver dans une boite de nuit à 20h30, un lundi soir ! La salle s’enflamme, l’ambiance est top et tout le monde se lâche pour danser. Le son s’y prête parfaitement. Le final ne pouvait être plus festif qu’avec leur morceau phare Prettiest Virgin. « Come on and dance with me »… Yes, please !
Petit interlude, le temps de prendre une dernière bière avant le retour de Tom Barman (dEUS) pour son projet avec le DJ anglais CJ Bolland : Magnus. En moins de deux minutes, la formation nous en envoie plein la figure avec un son électro rétro qui s’inscrit parfaitement dans la continuité de la soirée. La scène est leur maison, ils s’y sentent comme chez eux et parviennent à porter le public en quelques paroles lancées en un franglais bien rodé. La voix distordue, Tom Barman nous lance des « Come On ! » à répétition et nous embarque avec lui pour l’heure à venir. On passe d’un son plus funk, teinté de guitare wawa aux sonorités d’un instrument sans fioritures. Voilà ce qu’il manquait à la soirée pour qu’elle soit un quasi sans faute. « Ça fait longtemps qu’on a joué ici. Anyway, il fait chaud ici putain ! », lance Tom Barman, visiblement content de revenir aux sources et prêt à tout donner. Le quatrième morceau, qui sortira au mois de septembre, révèle des accents hip-hop sur fond de slam, une belle surprise qui met définitivement le feu à la salle. Les styles s’enchainent mais ne se ressemblent pas, il y en a pour tous les goûts. Une prestation dont le morceau final, Regulate, achèvera de mettre tout le monde d’accord. On se met bien et termine la soirée sur un petit DJ set solo où même les applaudissements suivent le rythme de la musique. Timide en début de soirée, le public du chapiteau en redemande plusieurs minutes durant. Quant à nous, on quitte la salle les oreilles défoncées mais le sourire aux lèvres.
Sur le chemin du retour, on se fait la réflexion que le Botanique n’a encore une fois pas failli à son rôle de révélateur de talents. Réels amateurs de musique, dénicheurs décomplexés et avides de découvertes étaient résolument présents ce soir pour le plaisir des oreilles et du coeur, battant au rythme de ces petits groupes. Petits groupes qui, par leur humilité et leur passion communicative, foulent déjà la cour des grands !