C’est avec Adam Green, son groupe composé de plusieurs membres d’autres formations, et son film que le crew Becult a passé cette soirée particulière qu’est l’Election Day aux USA, le 8 novembre dernier au Botanique, dans une Orangerie en mode assis. Adam Green, ce troubadour des temps modernes ayant percé avec feu The Moldy Peaches, est venu jusqu’à nous dans le cadre de la tournée promotionnelle de son second film intitulé Adam Green’s Aladdin.
Adam Rêve
La salle commence à se remplir, le public s’installe quand Adam Green prend la place derrière la console du régisseur et annonce qu’il va appuyer sur la touche play pour démarrer son film, réalisé grâce à un crowdfunding réussi. Le film commence donc, dans un univers haut en couleurs, une sorte de monde 3.0, aux décors de jeux vidéo, en grande partie créés en papier mâché. Aladdin est musicien et vit à Average Town, avec sa sœur et sa mère. La ville est administrée par un sultan tyrannique obsédé par les phallus et par sa fille, qui tarde à choisir son prince. Tandis que la fille du sultan est forcée à participer à une télé-réalité qui est censée l’aider à trouver babouche à son pied, Aladdin découvre une lampe magique qui imprime tous ses souhaits en 3D. Sa mère le fait alors passer pour un prince afin qu’il épouse éventuellement la fille du sultan, alors que sa sœur s’acoquine avec un groupe de contestataires mené par Ralph, interprété par l’idole de notre enfance : Macaulay Culkin. La suite de l’histoire, totalement loufoque, décalée et surréaliste, mais également non dénuée d’aspects plus critiques sur le monde hyper connecté dans lequel nous vivons, est à découvrir gratuitement sur YouTube.
C’était au temps où Bruxelles…
Rêvait d’une bière, entre le film et le concert, qu’on s’est battus avec les machines à jetons du bar du Bota. Le paiement par carte fonctionne, par contre la satanée machine ne rend pas la monnaie. Trêve de bougonnerie, on attrape ses gobelets et on retourne en selle. Adam Green entre en scène avec la jeune Norma, qui joue deux ballades exquises avant que le reste du groupe ne la rejoigne. Et c’est parti pour près de deux heures d’un beau mélange de chansons issues de différents albums, pour le plus grand plaisir des fans. Fans qui n’ont pas hésité à se lever pour apprécier le concert de plus près, car les organisateurs ont eu la bonne idée de laisser deux mètres d’espace entre la scène et le premier rang. Adam Green s’en donne à cœur joie, passant de nouveaux titres (Fix My Blues, Nature Of The Clown) à d’anciens morceaux, très appréciés, comme Gemstones, Emily ou encore l’épique Friends Of Mine. Il s’amuse comme un petit fou. En toute modestie, il cède sa place au second guitariste, Ryder The Eagle, pour un titre qu’il dédie à sa douce Norma, ainsi qu’aux Coming Soon, le band qui l’accompagne en tournée. Il interroge aussi son public sur les morceaux qu’il souhaite entendre, et reprend bien évidemment What A Waster des Libertines (c’est par ailleurs un grand ami de Carl Bârat). Il nous fait également la bonne surprise de reprendre un titre des Moldy Peaches et de chantonner à plusieurs reprises Bruxelles, tellement il semble heureux d’être là. Francophile, Adam Green sollicite souvent ses musiciens – ils nous expliqueront plus tard – afin qu’ils lui traduisent des textes de Brel, de Gainsbourg ou de Bashung, chanteurs qu’il aime particulièrement. Certaines de ses mélodies sont par ailleurs inspirées du Grand Jacques, nous apprendra-t-on également. Entre ses allers-retours de gauche à droite de la scène, Adam s’offre quelques high five avec son parterre de fans et n’hésite pas à se lancer dans l’art incertain du stage diving. C’est alors qu’on se rend compte que nos petites mains sont imbibées d’un parfum entêtant : celui d’Adam Green, mais surtout celui de son eau de cologne venue d’Arabie Saoudite, dont il semble s’asperger avant chaque concert.
Un concert qu’il clôturera par des titres phares, Jessica et Dance With Me, laissant derrière lui des effluves envoûtants et un sourire sur chaque visage. « Adam Green, you’ve had it all right » !
Nancy Junion